Niger : réunion des chefs des armées de la Cédéao à Accra
18 août 2023Peu d'informations ont filtré de cette rencontre à huis-clos, trois semaines après le renversement du président Mohamed Bazoum par une partie de sa garde. Les responsables militaires des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ont discuté des modalités d'une possible opération militaire au Niger pour rétablir le président Mohamed Bazoum, qui a été renversé le 26 juillet.
Selon le général Christopher Gwabin Musa, chef d'état-major de l'armée du Nigeria, "l'objectif de la réunion n'est pas simplement de réagir aux événements mais de dessiner un chemin qui mène à la paix et soutient la stabilité".
La réunion s'est fixé pour objectif donc "d'affiner" les détails au cas où la Cédéao "recourrait aux moyens ultimes de la force", comme l'a relevé Abdel-Fatau Musah, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l'institution sous-régionale.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest privilégie donc encore la voie du dialogue et de la négociation pour trouver une issue à cette crise.
Le sort de Mohamed Bazoum
Plusieurs sources indiquent que le président Mohamed Bazoum se porte bien et a le moral, même s'il
est toujours séquestré dans sa résidence de Niamey depuis le putsch. Les appels à sa libération sont restés vains jusque-là.
Le président du Nigeria, Bola Tinubu, a averti que toute "nouvelle détérioration" de l'état de santé du président Mohamed Bazoum aurait "de sérieuses conséquences".
Ces propos ont été tenus au cours d'un entretien avec Charles Michel, le président du Conseil européen. Celui-ci a "réitéré le soutien et l'appui total de l'Union européenne aux décisions de la Cédéao, ainsi que la condamnation ferme du coup de force inacceptable au Niger".
Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk a vivement dénoncé l'intention de poursuivre Mohamed Bazoum pour "haute trahison".
"Cette décision n'est pas seulement motivée par des considérations politiques à l'encontre d'un président démocratiquement élu, mais elle n'a pas de fondement juridique puisque le fonctionnement normal des institutions démocratiques a été entravé", selon Volker Türk.
Selon lui, l'élection en 2021 du président Mohamed Bazoum constituait "la première transition démocratique dans l'histoire du pays, marquée par les coups d'Etat".
C'est pourquoi, il a appelé les généraux à le libérer et à "rétablir immédiatement l'ordre constitutionnel". Les militaires "ne pouvaient pas s'arroger le droit de défier - sur un coup de tête - la volonté du peuple" a estimé Volker Türk.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a demandé la mise en place d'un couloir humanitaire qui permette de délester les centres de transit installés au Niger, où des milliers de migrants sont coincés.
"Les fermetures récentes des frontières et de l'espace aérien ont aggravé les difficultés rencontrées par les migrants bloqués et entravé les opérations de retour volontaire assisté de l'OIM".
En raison de sa position géographique, le Niger est l'un des principaux pays de transit de la région pour les migrants.
Pendant ce temps, les attaques djihadistes se multiplient au Niger. C’est du moins ce que nous a déclaré Mahamadou Sahanine, secrétaire général adjoint des jeunes Tarayya, membre du bureau politique national du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, ou PNDS-Tarayya, du président Mohamed Bazoum. Au moins 28 civils ont par ailleurs été tués en début de semaine dans des violences dans plusieurs villages du sud-ouest du Niger, près du Mali, selon une source officielle locale, un bilan qui pourrait être plus lourd selon une source sécuritaire. L'origine de ces violences n'a pas été indiquée.
Les préparatifs en vue de l'investiture du général putschiste Abdourahmane Tchiani avancent bien. Cela pourrait même avoir lieu très bientôt, le 21 août, dans trois jours.