Une Libye divisée attend le prochain représentant de l'ONU
12 mars 2020Le prochain représentant spécial des Nations unies devra faire face à une Libye divisée, comme l’a laissé entendre ce jeudi (12.03.2020) à Brazzaville, au Congo, le groupe de contact de l’Union africaine sur la Libye. La réunion a eu lieu alors que les Nations unies doivent trouver un remplaçant à Ghassan Salamé.
L’Algérien Ramtane Lamamra, pressenti à ce poste, va s’atteler à résoudre, s’il est désigné, une crise libyenne dont le bout du tunnel est encore loin.
De nombreux envoyés au chevet du pays
L’ancien ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Lamamra pourrait s’ajouter à la longue liste des représentants des Nations unies qui ont voulu régler la crise libyenne depuis le départ de Mouammar Kadhafi.
Du militant des droits de l’Homme britannique Ian Martin aux diplomates espagnol et allemand Bernardino León et Martin Kobler, la crise libyenne n’a jamais été aussi inextricable avec une guerre par procuration et deux parties belligérantes qui ne s’entendent pas.
Au point de faire partir le tout dernier représentant des Nations unies, le Libanais Ghassan Salamé, officiellement pour raison de santé.
Pour la journaliste essayiste spécialiste de la Libye, Roumiana Ougartchinska, le diplomate algérien Ramtane Lamamra doit avoir une oreille pour toutes les parties et pas seulement pour le Gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale.
"Durant un certain temps, on a eu tendance à prendre en compte plutôt ce qui était dit du côté du gouvernement de Fayez el-Sarraj. Toujours est-il que ce gouvernement n’a de contrôle que sur une petite partie du territoire et qu’il a perdu beaucoup de soutiens depuis l’accord passé avec la Turquie", analyse Roumiana Ougartchinska.
Une désignation controversée
Il y a tout de même eu la conférence de Berlin en janvier dernier, puis celle de Genève quelques semaines après où les deux principaux belligérants ont été réunis.
Mais la crise libyenne fait face aussi à des "ingérences militaires extérieures graves", comme l’a affirmé le président tchadien Idriss Déby Itno jeudi (12.03.20) à Brazzaville, au Congo.
"La trêve décrétée il y a un mois n’en est plus une. Il y a encore des attaques sur le terrain", constate Claudia Gazzini, consultante et analyste pour l’International Crisis Group (ICG).
L’Afrique a longtemps revendiqué son implication dans la crise libyenne. La désignation du diplomate algérien Ramtane Lamamra pourrait donc être vue comme une volonté des Nations unies d’accéder à cette revendication de l’Union africaine (UA). Mais le médiateur algérien dans de nombreux conflits sur le continent part avec un handicap, selon Roumiana Ougartchinska.
"L’Algérie a été considérée par le parlement et par l’armée comme un pays qui a plutôt soutenu le Gouvernement d’union nationale", signale-t-elle.
Claudia Gazzini de ICG estime, en outre, que l’Egypte ne verrait pas d’un bon œil l’arrivée de Ramtane Lamamra.
La désignation du successeur de Ghassan Salamé devrait donc être scrutée par les deux camps et leurs soutiens.
Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a désigné mercredi (11.03.20) l’Américaine Stephanie Williams pour assurer l’intérim.