Un accord obtenu pour un cessez-le-feu durable en Libye
20 janvier 2020Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne vont se pencher ce lundi à Bruxelles sur les résultats de la conférence de Berlin. Il s’agit, pour l’UE, de voir dans quelle mesure elle peut contribuer à la mise en œuvre des décisions prises dimanche dans la capitale allemande, Berlin.
Sous l’égide de l’ONU et en présence de l’UA et de la Ligue arabe, les 12 Etats participants ont rendu public un document en 55 points. Son objectif : ramener la paix en Libye, un pays déchiré par la guerre depuis 2011.
Solution politique
Le document prévoit une consolidation du fragile cessez-le-feu observé depuis le dimanche 12 janvier. Le Premier ministre Fayez el-Saradj qui contrôle la capitale Tripoli souhaite l’arrivée de troupes internationales. Mais, il n’est pas encore question d’envoyer des troupes allemandes et européennes en Libye, selon la chancelière allemande Angela Merkel qui s'est exprimée à l’issue de la conférence de Berlin. Pourtant, samedi, sa ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, s’était déclarée favorable à une participation de la Bundeswehr à une mission internationale de stabilisation sur le terrain. Cette idée est soutenue par l'opposition libérale du FDP. L'opposition écologiste a annoncé qu'elle prendrait avec un sens critique aigu et une attention particulière toute demande du gouvernement allemand en vue d'une intervention militaire en Libye.
Mais Angela Merkel a en revanche obtenu des participants l’instauration d’un cessez-le-feu durable. Car, pour la chancelière, le respect du cessez-le-feu est la première garantie à apporter, la condition sine qua non pour mettre un terme à la guerre: "On ne peut pas discuter du deuxième pas à faire avant même d'avoir effectué le premier", a-t-elle déclaré au sortir des discussions.
Aucune annonce de sanctions
Les 12 pays présents se sont par ailleurs engagés pour le contrôle et le respect strict de l’embargo sur les armes, instauré en 2011, mais pas toujours respecté par les parties impliquées. Angela Merkel a déclaré que :
"Tous les participants sont aussi d’accord sur la nécessité d’une validation par le conseil de sécurité de l’ONU pour conférer à ce document un caractère international et pour renforcer les engagements pris concernant l’embargo sur les armes. Nous avons obtenu la promesse des pays impliqués qu’ils ne soutiendront plus les parties en lice et suspendront toute opération dans le pays tant que le cessez-le feu sera en vigueur."
Le document de Berlin prévoit le désarmement et le regroupement dans les casernes de l'artillerie lourde ainsi que la mise en place d'une "commission militaire". Celle-ci sera composée de dix officiers, cinq de chaque camp impliqué dans le conflit. Cette commission devra définir sur le terrain les mécanismes de mise en oeuvre du cessez-le-feu. Les participants appellent à des sanctions onusiennes en cas de non-respect de l’embargo, mais rien n'a encore été précisé de ce côté-là.
Regrets
Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait savoir qu’il n’y avait pas encore de "dialogue sérieux" entre le maréchal Khalifa Haftar, à la tête de la rébellion de l’est libyen, et le Premier ministre Fayez el-Saradj qui contrôle la capitale. D'ailleurs, à Berlin, les deux hommes ne se sont pas adressé la parole directement.
L'ONG Mission Lifeline a pour sa part critiqué le manque de résultats concrets de la conférence de Berlin sur le sort des réfugiés qui ont besoin de secours en mer. L'organisation regrette que "les morts en masse qui surviennent en Méditerranée" n'aient même pas été évoquées lors de la conférence.