Burkina : "Le risque est réel mais on continue à s'exprimer"
13 décembre 2023Depuis le dernier coup d’Etat, en septembre 2022, du capitaine Ibrahim Traoré, les atteintes aux libertés publiques se multiplient au Burkina Faso. Mais, Souleymane Ouédraogo du mouvement "Balai citoyen"continue de prendre position pour la démocratie.
"Le risque est réel mais, malgré tout, on continue à nous exprimer, comme il est possible de le faire..."
Vigilance
Il fait partie des rares militants encore actifs au Burkina Faso. Il dit ne pas défier les autorités militaires au pouvoir, mais lutter pour la liberté d'expression au Burkina.
"Malheureusement, beaucoup de personnes se sont retrouvées enlevées, réquisitionnées abusivement, envoyées au front, enrôlées parce que leurs voix étaient trop critiques. Dans mon cas et dans le cas des autres avec qui on se concerte régulièrement, on observe et on est beaucoup vigilant", rappelle Souleymane Ouédraogo.
Une vigilance guidée par la peur qui, dans certains cas, se traduit par une autocensure.
"J'ai des craintes bien sûr, parce que nous vivons dans un climat lourd. Malheureusement, il y en a beaucoup qui ne peuvent plus exercer cette activité de manière sûre et sereine. Il y en a beaucoup, et c'est cela qui est regrettable..."
L'inquiétude de la famille
Face à cela, il y a aussi la peur des proches, des parents de la famille.
"Au sein de ma famille, à maintes reprises, régulièrement on me dit : arrête ! arrête ! Parce que tu prends des risques, tes activités professionnelles en pâtissent. Tu ne gagnes rien, tu exposes la famille", explique Souleymane Ouédraogo.
Ces dernières semaines, des acteurs de la société civile ont été réquisitionnés de force au sein des VDP, les Volontaires pour la défense de la patrie, officiellement chargés de lutter contre le terrorisme. Une réquisition militaire qui a été jugée récemment illégale par un tribunal de Ouagadougou.