RDC/ Rwanda, vers un apaisement des tensions?
21 septembre 2022Dans son intervention à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies, Félix Tshisekedi a insisté mardi (20.09) à plusieurs reprises sur la responsabilité du Rwanda dans la tragédie que vivent les Congolais dans les zones où sont présents les combattants du M23. Des rebelles que Kinshasa considère comme des "alliés" de Kigali. Pour le président congolais, il est temps de faire pression pour contraindre le Rwanda à cesser tout soutien au groupe armé.
Des réactions dans l'est
Dans l'est de la RDC, la région concernée par les attaques attribuées au M23, le discours du président congolais à l'Onu a, semble-t-il, plutôt séduit. Même au sein de l'opposition, on partage son point de vue. C'est le cas par exemple du LGD, le parti Leadership et gouvernance pour le développement de l'ancien Premier ministre congolais Matata Ponyo, qui estime que Félix Tshisekedi a été "franc et direct” envers le Rwanda.
"Pour la toute première fois, je pense que le discours était sans hypocrisie. Il a dit que notre pays est agressé par un pays voisin et qu'il reste ouvert pour un règlement pacifique et nous, nous encourageons cela. Je crois également que Kigali devrait mettre de l'eau dans son vin pour enfin pacifier cette région..." estime Johnson Ishara Butaragaza, le président du LGD en province du Nord-Kivu.
Même opinion dans le sud Kivu où le Bureau de coordination de la société civile salue le ton ferme de Félix Tshisekedi. Toutefois, Adrien Zawadi , président de cette société civile, souhaite que cette fermeté se traduise par la reprise le plus tôt possible de la ville de Bunagana occupée par les rebelles du M23.
"Pour nous, la société civile, la question est jusqu'à quand la RDC va continuer d'aller dans ces endroits pour se plaindre ? Le ton du chef de l'Etat c'est déjà bien pour nous Congolais, mais faut-il encore que celui à qui il s'adresse l'entende. Le ton du chef de l'Etat, nous Congolais, nous voulons le voir sur le front, sur la puissance de feu de nos militaires, nous voulons que Bunagana soit repris. Et nous avons aussi demandé au chef de l'Etat d'insérer les citoyens dans l'action diplomatique" confie Adrien Zawadi au correpondant de la DW Mude Eldorado.
La carte de l'apaisement
Mais dans ce dossier qui oppose depuis un certain temps déjà Kinshasa et Kigali, les accusations ne vont pas que dans un sens. Le Rwanda, qui nie tout soutien aux groupes armés, accuse également son voisin congolais de soutenir les rebelles des FDLR présents en RDC.
En réponse aux accusations de Kinshasa à l'Onu, le président rwandais Paul Kagame a préféré tout de même jouer la carte de l'apaisement en soulignant que son pays subit également les impacts des attaques des groupes armés. Selon lui, s'en prendre aux voisins n'est pas la solution.
"Il est urgent de trouver la volonté politique nécessaire, pour s'attaquer enfin aux causes profondes de l'instabilité dans l'est de la RDC. Il ne sert à rien de jeter l'opprobre sur quiconque (...). Ces défis ne sont pas insurmontables, nous savons que la coopération internationale peut nous permettre de régler ces problèmes qui nous concerne tous" a estimé Paul Kagame à l'Onu.
L'est de la RDC abrite des centaines de groupes armés qui, depuis plus de 30 ans, entretiennent l'insécurité en s'en prenant notamment aux populations civiles, pillant et massacrant les communautés en grande partie rurales.
Le M23, l'un des groupes les plus actifs dans la région, est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013, qui a repris les armes fin 2021 car, selon les rebelles, Kinshasa n'aurait pas respecté les accords sur leur démobilisation et réinsertion.