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Le M23, une armée moderne dans l'est de la RDC ?

19 septembre 2022

Les propos de Antonio Guterres estimant que le M23 est une "armée moderne" suscitent encore une fois des questions sur l'efficacité de la Monusco face aux attaques des groupes armés.

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Des combattants du M23 devant des cabanes en bois lors de la prise de Goma, en 2012
Le M23 mieux équipé que la MONUSCO affirme GuterresImage : Simone Schlindwein

Dans une interview, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies  a affirmé que la mission de l'Onu en RDC n'est pas capables de battre le M23. 

Des propos similaires ont valu l'expulsion du porte-parole de la Monusco, il y a quelques mois, et ont contribué à entretenir une réaction de rejet de la part de la population du Nord-Kivu avec des manifestations hostiles à la Monusco .

Pierre Boisselet, coordinateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, estime que les propos d'Antonio Guterres sont très surprenants : 

‘'On voit qu'il passe le relais probablement à l'Union africaine ou peut-être à la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Est, mais en tout cas il estime lui-même qu'il y a d'autres institutions, d'autres configurations et d'autres armées qui sont mieux équipées pour faire face à cette menace du M23.''

Pourtant, au sein de la Monusco se trouve, depuis plusieurs années, une brigade spéciale ayant la mission robuste d'intervenir militairement en cas d'attaque contre la population. C'est la même brigade qui avait chassé en 2013, aux côtés de l'armée congolaise, les rebelles du M23 qui avaient pris la ville de Goma.

Des manifestants à Kinshasa, devant un blindé de la Monusco surplombé de Casques bleus (archive de 2016)
Les manifestations anti-ONU en RDC traduisent un profond sentiment d'abandonImage : Reuters/T. Mukoya

''Cette force ne peut pas être une force de trop''

Bienvenu Matumo, du mouvement citoyen Lucha, pense qu'il est difficile pour de nombreux Congolais de comprendre pourquoi la Monusco ne pourrait pas rééditer ce type d'action. 

‘'Si une force ne peut pas nous aider à éradiquer le M23, à neutraliser les ADF, à mettre fin aux agissements des groupes armés locaux, cette force ne peut pas être une force de plus dans la région du Kivu, déclare-t-il et il poursuit : "Nous refusons sa proposition (celle d'António Gutteres) de nous ramener à la négociation avec les pays voisins. On ne peut pas négocier avec des pays qui sont impliqués dans l'agression. Nous ne pouvons pas.''

Un dialogue sous-régional

Les analystes comme Pierre Boisselet pensent que les Nations unies misent en effet sur un dialogue régional pour mettre fin au conflit dans l'est de la RDC, ‘'entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda". Ce dialogue pourrait permettre, selon Pierre Boisselet, de résoudre cette situation. "Je pense qu' [António Guterres] ne veut pas prendre le risque de placer les Nations unies dans une situation de rupture avec le Rwanda, ce qui rendrait beaucoup plus difficile toute aide à la médiation de ce genre de négociation.'' a dit Boisselet.

De son côté, le gouvernement congolais n'est pas prêt à un dialogue avec le M23, qu'il considère comme un groupe terroriste. Il soutient toujours, s'appuyant sur le récent rapport d'experts des Nations unies, que le M23 ne résiste que parce qu'il reçoit un appui militaire du Rwanda. Ce que Kigali a toujours nié.