Les enjeux de l'Assemblée générale de l'Onu
20 septembre 2022Plusieurs thématiques sont par ailleurs au menu : le dérèglement climatique, la sécurité alimentaire, avec aussi quelques rendez-vous africains importants.
Il s’agit notamment d'un sommet extraordinaire de la Cédéao, prévu jeudi et qui sera consacré au sort des 46 soldats ivoiriens accusés par la junte militaire malienne d’être des mercenaires et incarcérés depuis début juillet. Les débats porteront aussi sur l'avenir des opérations de maintien de la paix dans le monde qui sont de plus en plus décriées, notamment sur le continent africain. Selon Romuald Sciora, essayiste et chercheur associé à l‘Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), il est impératif de réformer également le mécanisme de création, de fonctionnement et de financement de ces missions, afin qu'elles puissent mieux faire face aux crises actuelles.
Quels sont les enjeux de cette Assemblée générale de l’Onu? Eric Topona a posé la question à Romuald Sciora, qui est aussi l’auteur de quatre livres sur les Nations unies, dont Qui veut la mort de l’Onu ? Du Rwanda à la Syrie, histoire d’un sabotage aux éditions Eyrolles en 2018.
Retrouvez ici l'interview Romuald Sciora réalisée par Eric Topona
DW: la 77ème session de l'Assemblée générale des Nations unies s'ouvre aujourd'hui (20.09) à New-York. Quels en sont les enjeux?
Romuald Sciora: Le principal pour le secrétaire général António Guterres est de tenter de replacer l'Onu au centre du jeu politique international. Depuis maintenant plus d'une décennie, l'Onu n'est devenue qu'une sorte de super agence humanitaire faisant un travail remarquable au niveau de l'aide au développement, l'éducation etc. Mais, au niveau politique, l'Onu est devenue un nain sur la scène internationale. Et les grandes décisions de politique mondiale ne se font plus au sein de l'Onu. L'Onu a été totalement absente de la guerre en Ukraine. J'entends au niveau politique. Pas au niveau humanitaire, bien évidemment.
DW: L'objectif est de replacer l'Onu dans le centre du jeu international, selon vous. Mais, pour que cela soit effectif, ne faudrait-il pas qu'elle soit réformée?
Romuald Sciora: L'Onu est en train de mourir tout doucement dans un grand silence à part en septembre, dû à ce manque de réforme. Le Conseil de sécurité aujourd'hui est totalement archaïque. C' est un vestige de la Seconde guerre mondiale. Les cinq membres permanents: la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine et les Etats-Unis. Pourquoi la France? Pourquoi la Grande-Bretagne? Pourquoi pas l'Allemagne, sans parler des grandes puissances montantes comme l'Inde, comme le Brésil, comme l'Afrique du Sud, etc. Bref, tant qu'il n'y aura pas de réforme du Conseil de sécurité, un agrandissement du Conseil de sécurité, celui-ci ne sera plus représentatif.
DW: Et cette réforme doit bien évidemment et inéluctablement concerner le droit de veto dont disposent les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'Onu.
Romuald Sciora: On le voit bien aujourd'hui avec la guerre en Ukraine. Il est impossible de faire quoi que ce soit. Il est impossible d'envoyer des casques bleus pour essayer de sanctifier les sites nucléaires, etc. Puisqu'on sait très bien que la Russie mettrait son veto et que la Russie, pour des raisons ou une autre ne pouvait voter lors de cette votation, la Chine mettrait son veto, etc. C'est la même chose lorsque cela concerne la France, les Etats-Unis etc. Donc, de nombreuses réformes seraient nécessaires, afin de légitimer à nouveau le Conseil de sécurité et donc les Nations unies. Mais une fois de plus, cela n'arrivera pas. Je suis convaincu qu'aucune réforme d'importance de Conseil de sécurité ne verra le jour dans les dix ou vingt prochaines années. Je ne pense pas.