L'Allemagne doit revoir ses partenariats dans le Sahel

A la suite du coup d'Etat militaire, le Niger reste au centre de la tournée de Svenja Schulze, la ministre allemande de la Coopération, qui effectue une tournée en Afrique de l'Ouest, avec une dernière étape au Nigeria.

Svenja Schulze assure depuis juillet, la présidence de l'Assemblée générale de l'Alliance Sahel. Cette structure coordonne l'aide internationale en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso, au Tchad et au Niger. Mais le putsch au Niger oblige l'Allemagne à réorienter sa stratégie au d'appui aux Etats du Sahel.

Le putsch au Niger change la donne

Après les coups d'Etat perpétrés au Mali, au Burkina Faso et en Guinée, c'est sur le Niger que l'Allemagne avait placé ses espoirs pour lutter contre le terrorisme et la migration irrégulière dans le Sahel.

Lors des dernières négociations gouvernementales, entre Berlin etNiamey, l'Allemagne avait garanti en 2021 au Niger d'importantes aides au développement : 120 millions d'euros pour les deux prochaines années.

Le coup d'Etat militaire au Niger a surpris l'Allemagne,

"J'ai parlé avec beaucoup de gens dans la région et je leur ai demandé s’ils avaient prévu ce coup d'Etat. La Cédéao, qui est très ancrée ici, ne l'a pas vu venir parce qu'on ne s'attendait pas à ce que ceux qui protègent le président, puissent le renverser. Et ce sont des choses qui arrivent dans cette région. On ne peut pas tout prévoir, tout planifier. Il est donc d'autant plus important que nous augmentions la capacité de résilience des sociétés. " a déclaré Svenja Schulze durant son voyage.

Un projet de société mis à mal 

Investissant dans plusieurs pays en matière de développement, l'Allemagne avait initié un projet de société qui consistait à mettre en place un système de protection sociale pour que lorsque des événements majeurs surviennent, comme le coup d'Etat au Niger, les civils soient protégés contre la famine, la pauvreté et que les enfants puissent être en mesure d'aller à l'école.

L'amélioration de la situation humanitaire, parallèlement à la lutte contre le terrorisme, est en effet un des objectifs de l'Alliance Sahel, fondée en 2017. 

Svenja Schulze, qui assure la présidence de cette organisation, a rencontré hier soir le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray, pour discuter des positions communes à adopter vis-à-vis des militaires au pouvoir à Niamey.

"Tout d'abord, il est important que nous encouragions une solution régionale. Il y a ici des États déterminés. Comme nous l'avons vu en Mauritanie, ils ont réussi à résoudre un grand nombre de problèmes. Et c'est pourquoi je pense que le premier message important à retenir est que la solution doit venir de la région. Et que les solutions ne peuvent être que des négociations. Il doit y avoir une voie, pacifique, vers la démocratie. C’est ce que tout le monde veut dans la région, et la pression sur ceux qui ont fait le coup d’État restera forte..", a indiqué la ministre.

Les ambitions de l'Alliance Sahel revues à la baisse ?

Les ambitions de l'Alliance Sahel sont aujourd'hui entravées par la multiplication des coups d'Etat dans les pays ouest-africains, l'influence russe sur les réseaux sociaux et le sentiment d'hostilité aux autorités françaises grandissant. 

La Mauritanie, en tant que dernier Etat démocratique du Sahel, est donc en train de s'imposer comme un partenaire important pour Berlin.

Sur le plan diplomatique, le gouvernement allemand hausse le ton et renforce sa position avec la Cédéao. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a tweeté ce jeudi sur X (ancien Twitter) que Berlin souhaite des sanctions de l'Union européenne contre les auteurs du putsch au Niger ayant renversé le président démocratisèrent élu Mohamed Bazoum.