C’était le 28 juillet au Niger. Le colonel-major Amadou Abdramane confirmant officiellement la prise de pouvoir au Niger. Le CNSP annonce aussi la dissolution du parlement, la fermeture de toutes les frontières du pays. Deux jours avant, le président Mohamed Bazoum était renversé.
Mauvaise gouvernance économique et sociale, dégradation de la situation sécuritaire. Ce sont les raisons avancées par la nouvelle junte à Niamey pour faire le coup d’Etat.
Mohamed Bazoum président démocratiquement élu venait ainsi de se faire renverser deux ans après avoir entamé son premier mandat. Le chef de l’Etat renversé a succédé à Mahamadou Issoufou qui avait fini ses deux mandats. C’était la première alternance démocratique au Niger, qui avait auparavant connu quatre putschs. On en est maintenant au cinquième et il est condamné par l’ensemble de la communauté internationale y compris la Cédéao et l’Union africaine. Pour Hadiza de Niamey le putsch a quand même été salué par les Nigériens.
Augmentations de prix, coupures de courant
Et pour l’heure, les sanctions touchent les populations nigériennes : fermeture des frontières notamment du côté du Bénin et du Nigeria, le Nigeria qui a suspendu la fourniture de l’énergie au Niger. Des Nigériens se plaignent de l’augmentation des prix des produits, des coupures de courant. Ils constataient aussi au début du putsch le manque de liquidités.
Abdoulaye constate aussi les effets dans son quotidien. La situation est morose dans ma localité, écrit l’internaute sur WhatsApp. Il évoque le ralentissement des affaires, les machines momentanément mises à l’arrêt. Abdoulaye propose la voie diplomatique pour résoudre la crise. La guerre ne résout pas le problème, au contraire, elle ne fait qu’accentuer l’insécurité résiduelle qui sévit dans la zone des trois frontières.
Regain d’attaques djihadistes
Depuis le putsch du 26 juillet, plusieurs attaques attribuées aux djihadistes ont eu lieu. Douze soldats ont été tués dans la zone des trois frontières le week-end écoulé. Cela s’ajoute à 17 autres soldats qui avaient été tués une semaine plutôt dans le département de Torodi, près de la frontière avec le Burkina Faso. Par ailleurs, au moins 28 civils ont été tués dans des violences dans plusieurs villages du sud-ouest, près du Mali.
Fhadel habite à Gaya, dans le sud-ouest du Niger, non loin du Bénin et du Nigeria. Deux pays qui je le rappelle ont fermé leurs frontières avec le Niger. Si le Niger est impacté par les sanctions de la Cédéao, le Nigeria l’est aussi. Le Bénin aussi.
Saliou du Bénin évoque une situation critique dans son pays dont le port sert de transit pour les importations nigériennes. Le port de Cotonou est presqu’à l’arrêt dit Saliou sur WhatsApp qui poursuit : certains produits venant du Niger comme l’oignon sont devenus chers. Il faut que la Cédéao comprenne que le putsch est consommé et qu’il faut penser aux millions de Nigériens frappés par les sanctions.
Loukman habite la ville béninoise de Malanville, proche du Niger voisin. Il constate la paralysie des activités.
Suspensions de la part de la Cédéao et de l’UA
Je rappelle que l’Union africaine a suspendu le Niger. L’UA dit avoir pris note de de la décision de la Cédéao de déployer une force en attente au Niger. L’organisation a dit soutenir dans son communiqué les efforts de la Cédéao pour un rétablissement pacifique de l’ordre constitutionnel. Je rappelle que la Cédéao a aussi suspendu le Niger. Dans une lettre ouverte au journal français le Figaro, la fille de Mohamed Bazoum a dénoncé une prise d’otage et demandé le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Dans une interview à la BBC Hausa, le médiateur de la Cédéao a laissé entendre que la junte était opposée au retour de Bazoum au pouvoir.
Solidarité du Burkina Faso et du Mali
D’après l’Unicef cette semaine, plus de deux millions d’enfants ont été touchés par la crise et ont du coup besoin désespérément d’une aide humanitaire. Dans le même temps, un convoi de 300 camions a quitté le Burkina Faso pour le Niger. Dans les camions, il y avait des produits alimentaires et des produits ménagers.
Le Niger qui a annoncé qu’il va autoriser les forces armées maliennes et burkinabè à intervenir sur son sol en cas d’agression. Bamako et Ouagadougou considèrent comme une déclaration de guerre la menace d’intervention de la Cédéao.
Abdoulaye est de Gao au Mali. Le pays a connu deux putschs en moins d’un an. Pour cet auditeur, un coup d’Etat ne construit jamais un pays.
D’après un internaute nigérien qui nous a écrit via WhatsApp, l’esprit va-t-en-guerre des deux parties n’arrange pas les choses, les différentes parties doivent s’asseoir pour dialoguer. Eze du Bénin appelle aussi à régler la situation par des moyens pacifiques.
Sadou de Conakry en Guinée dont le pays est aussi dirigé par des militaires depuis bientôt deux ans dénonce les putschs. Avec celui du Niger, l’Afrique de l’Ouest en est au sixième depuis 2020.
Dialogue de sourds
Ce commentaire de Bernard du Bénin : la junte opère une fuite en avant qui rend complexe la situation socio-économique et politique. La sortie de crise passe par le départ du pouvoir de la junte et l’entrée en jeu des partis politiques pour une solution consensuelle. Quant au président Bazoum, humilié, il est disqualifié, conclut Bernard sur WhatsApp.
On va écouter à présent Hyacinthe du Tchad, le pays est frontalier du Niger et a fait savoir qu’il ne va participer à une intervention militaire de la Cédéao. La Cédéao dont le Tchad n’est pas membre. Hyacinthe comprend cette prise de position de N’Djamena.
La junte a proposé une transition qui ne va pas dépasser trois ans et compte organiser un dialogue national. La durée de la transition a été rejetée par la Cédéao.
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