Mahamadou Issoufou, le pionnier de l’alternance au Niger
20 février 2021Près de 7,5 millions de Nigériens sont appelés aux urnes ce dimanche 21 février pour élire leur prochain président de la. Ils auront le choix entre l’ancien président, Mahamane Ousmane, et le leader du parti nigérien pour la démocratie et le socialisme au pouvoir. Le chef de l'Etat sortant, Mahamadou Issoufou, n’est pas candidat à sa propre succession car la Constitution ne l’y autorise pas.
Pourtant, sur le continent, les exemples de chefs d’Etat africains qui modifient la Constitution de leur pays pour pouvoir briguer un mandat supplémentaire, voire s’éterniser au pouvoir, sont nombreux. On peut citer la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Tchad ou encore le Cameroun.
Une première
Habitué aux coups d’Etat, pour la première fois de son histoire le Nigerconnaitra dans quelques semaines une passation pacifique du pouvoir entre deux présidents élus.
D’où l’admiration d’Aminata Touré, ancienne Première ministre et ancienne présidente du Conseil économique social et environnemental du Sénégal.
"Je souhaite que la démocratie Nigérienne continue à s'enraciner, qu'elle soit un exemple partout en Afrique. Il faut le rappeler, 70% des Africains ont moins de 35 ans. Il est important qu'on puisse leur servir ce type d'exemples pour qu'ils aient l'envie de rester sur le continent, de développer le continent. Je pense donc que c'est une bonne chose, ce qui se passe au Niger", se réjouit-elle.
Un précèdent
Le 18 février 2010, le président de l’époque, aujourd’hui défunt, Mamadou Tandja, avait été renversé par l’armée. Celui-ci souhaitait réviser la Constitution pour pouvoir rester au pouvoir.
Ce précédent aurait convaincu Mahamadou Issoufou de se retirer au terme de ses deux mandats constitutionnels, selon Fahiraman Rodrigue Koné, chercheur à l’Institut d'études de sécurité à Dakar.
"On se rappelle que le président Tanja avait également tenté de briguer un troisième mandat et cela s'était achevé par un coup d'Etat qui a traumatisé un peu la classe politique. Cette histoire a peut-être nourri également la volonté de l'actuel chef de l'Etat de passer la main."
Pour sa part, maître Mamadou Ismaïla Konaté, avocat et ancien ministre de la Justice du Mali, estime que pour la cohésion des pays africains, le modèle nigérien doit être suivi.
"Rien ne peut justifier la violation du nombre de mandats et la prolongation de la durée du mandat. Ces deux aspects doivent être aujourd'hui des acquis fondamentaux d'un processus démocratique africain qui a cours depuis plus de 30 ans. Parce qu’il y va non seulement de la cohésion de nos nations, il y va également de la construction de l'Etat de droit. Il y va également du bonheur des peuples africains, des populations africaines."
S’il est pris en exemple à la suite de sa décision de respecter la loi fondamentale de son pays, Mahamadou Issoufou est aussi critiqué par plusieurs ONG de défense des droits de l’homme qui accusent son régime d’avoir réduit la démocratie et les libertés publiques au Niger. Des critiques que le pouvoir a toujours récusées.