Les Congolais continuent de voter
21 décembre 2023"Les bureaux qui n'ont pas du tout ouvert vont le faire jeudi", a déclaré à la télévision officielle Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), sans préciser le nombre de bureaux de vote concernés.
Celui-ci n'a pas précisé le nombre de bureaux concernés. "Pas moins de 70%" selon une estimation "hâtive", ont pu voter mercredi, dit-il.
La Céni avait auparavant annoncé que les bureaux ayant ouvert avec retard fonctionneraient "durant 11 heures, comme le prévoit la loi, pour permettre à chaque électeur de voter".
Mais, selon le politologue Bob Kabamba, la loi est assez claire à ce sujet en RDC : on ne peut voter qu’un seul jour. "Pour qu’il y ait une décision de prolonger le vote, il faut qu’il y ait un cadre qui accompagne. Comme il n’y a pas de cadre, il faudrait qu’il y ait une décision de la cour qui valide une telle décision, hors on n’en est pas là. On a l’impression qu’on navigue dans le flou sans avoir de direction ni de boussole, c’est véritablement un chaos qui se prépare", explique l'expert congolais.
Réactions des observateurs locaux
Du côté de la mission d’observation composée de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), on estime aussi que la poursuite du vote ce jeudi 21 décembre est une question complexe. Monseigneur Nshole de la CENCO insiste sur le fait que la situation reste floue et préoccupante :
"Dans certains endroits on pourra peut-être voter toute la nuit jusqu’au matin. A d’autres endroits on aura besoin d’une journée voir trois jours, une semaine pour régler les problèmes. On est encore dans le flou et c’est ça qui nous préoccupe."
Pour sa part, Eric Senga, porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo, reconnait que le processus électoral connaît quelques difficultés et qu’à ce stade il est important de rappeler que la Céni n’a pas suffisamment communiqué.
"Nous avons constaté deux faits, premièrement. La Céni n’a pas suffisamment communiqué pour fixer l’opinion, les citoyens, les parties prenantes sur la situation réelle. Nous sommes un peu suspendus comme tout le monde pour savoir l’issue de ce processus. Au moment où nous parlons certains bureaux ont commencé le dépouillement sans témoin, sans observateur, il va donc falloir clarifier la situation."
L'opposition dénonce un chaos électoral
Du côté de l’opposition, on dénonce le chaos et des irrégularités. Tard dans la soirée du mercredi, une déclaration co-signée entre autres par les candidats Martin Fayulu et Denis Mukwege demande l’annulation des élections. Une déclaration lue à Kinshasa par Théodore Ngoy également candidat à la présidentielle.
"Agir autrement consisterait à consacrer une prise de pouvoir par la force et son exercice en violation de la Constitution. Il faut exiger la réorganisation de ces élections ratées par une Céni autrement composée à une date qui sera fixée dans les conditions d’égalité de toutes les parties prenantes."
Dans un communiqué, le gouvernement n'a pu que reconnaître "le retard constaté dans l'ouverture de certains bureaux de vote". Mais il a félicité le peuple congolais pour sa "mobilisation" et la Céni pour sa "détermination" à organiser dans les temps des élections qui se sont selon lui "globalement" bien déroulées.
Pour ces élections quadruple en RDC, plus de 100.000 candidats sont en lice. Les résultats ne seront pas connus avant plusieurs jours.