Élections en RDC : une journée de vote contrastée
20 décembre 2023DW : Paul, comment s'est déroulée cette journée de vote ?
PL : Pour ne rien vous cacher, cela a été un peu chaotique.
Le scrutin, qui devait commencer à 6h du matin sur toute l'étendue du territoire, a pris plusieurs heures de retard. Nous reviendrons dessus plus tard mais par endroit, le matériel électoral a été déployé alors que les bureaux étaient déjà ouverts, il fallait donc programmer les systèmes et les bulletins sont parfois arrivés encore plus tard.
Denis Kadima, président de la Céni, avait pourtant promis que le matériel serait livré dans la nuit dans la capitale et certains agents des bureaux ont donc passé la nuit dans les centres.
En parallèle, l'affichage des listes d'électeurs a été fait sous les yeux des Congolaises et Congolais qui, parfois, ne retrouvaient pas leur nom. Sans parler de la délivrance des duplicatas pour les cartes d'électeurs effacées ou encore perdues.
DW : Vous vous êtes justement entretenu avec des congolaises et congolais, qu'en ont-ils pensé ?
P.L : Au début, la patience et l'attente étaient là. Jusqu'à ce que certains d'entre eux commencent à taper du pied par terre.
Dans une économie dominée par l'informel, beaucoup d'entre eux n'avaient pas le luxe de pouvoir attendre une matinée, et encore moins une journée pour voter. Donc quand certains prenaient leur mal en patience, d'autres ont jeté l'éponge et déclaraient qu'ils ne voteraient pas.
Pour autant, dans l'ensemble de ce que j'ai pu voir, une ambiance bon enfant régnait dans les centres de vote de la capitale. Et si chacun disait ouvertement pour qui il voterait, le respect des choix des uns et des autres était réel. Encore une fois, je vous parle de ce que j'ai pu observer sur place.
DW : Pourtant Paul, comme on le craignait, des incidents ont émaillé cette journée de vote.
P.L : Oui tout à fait. Les premiers signes de violences ont été aperçus à Bunia, en Ituri, sur un site de déplacés. Un bureau y aurait été vandalisé et la police aurait dispersé la population en tirant en l'air.
Par ailleurs, à Luputa, dans la province du Haut-Lomami, des électeurs s'en sont pris à un centre de vote ainsi qu'aux agents de la Céni car des suspicions de fraude commençaient à agiter la population. Et d'autres scènes de heurts se sont déroulées dans le pays, sans pour autant que des blessés soient à déplorer.