Bosco Ntaganda reconnu coupable par la CPI
8 juillet 2019Les faits qui lui sont reprochés concernent des exactions commises en 2002 et 2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
"La chambre considère Bosco Ntaganda coupable de meurtres, d'avoir dirigé intentionnellement des attaques contre des civils, de viols, d'esclavage sexuel, de persécutions et de pillages en tant que crimes de guerre et crimes contre l'humanité", a déclaré lors d'une audience le juge Robert Fremr.
Détenu à La Haye depuis 2013, Bosco Ntaganda, ressortissant de l'ethnie hema était poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
D'après les enquêtes de la CPI, les victimes sont principalement les populations civiles appartenant aux groupes lendu, bira et nende. Le verdict est attendu dans un contexte où la région se retrouve face à de nouvelles tensions intercommunautaires.
Des chiffres officiels mais non vérifiables évoquent au moins 160 morts et 300.000 déplacés après les récents masssacres.
Les tensions qui ont repris dans l'Ituri, une région frontalière de l'Ouganda et riche en or et potentiellement en pétrole, inquiètent les autorités congolaises au plus haut niveau.
Lors d'un séjour de trois jours fin juin dans l'Ituri, le président Félix Tshisekedi a même parlé de "tentative de génocide" et d'une manoeuvre pour "destabiliser le pouvoir de Kinshasa".
Ces massacres qui resurgissent près de 20 ans après, pourraient être le résultat de l'impunité. C'est pourquoi les membres de la communauté lendu souhaitent voir la cour pénale internationale (CPI) condamner Bosco Ntaganda et ordonner l'indemnisation des familles des victimes.
C'est ce que demande aussi Jean-Marie Ndjaza, vice-président et porte-parole de la communauté lendu. "La communauté lendu attend beaucoup de la Cour pénale internationale dans la mesure où elle voudrait bien que les victimes de ces crimes c'est-à-dire les crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour lesquels Bosco Ntaganda répond devant la CPI, que la CPI puisse faire en sorte de rétablir les victimes dans leurs droits. C'est-à-dire que les victimes puissent être dédommagées. Les gens ont vécu les crimes commis par Bosco Ntaganda, il n'y a pas de doute possible qu'on ne puisse le condamner et nous sommes en train de faire confiance à la cour pénale internationale," Mr. Ndjaza.
L'évocation du nom de Bosco Ntaganda réveille les cauchemars dans l'Ituri mais aussi dans la province voisine du Nord-Kivu où il a combattu notamment pour le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et le Mouvement du 23 Mars (M23).