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Blocus en pays dogon contre l'inaction de l'Etat malien

Mahamadou Kane
22 avril 2024

Des habitants du pays dogon, au Mali, clament leur sentiment d'abandon par les pouvoirs publics. Ils réclament la paix et la sécurité après des attaques et des enlèvements dans la région.

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Une main tend la photo d'un homme sur une mobylette. En arrière-fond, des enfants. La photo a été prise en 2020 dans le Mandé
Les Dogons veulent un avenir paisible pour leurs enfants, comme les autres MaliensImage : Ugo Lucio Borga

Au Mali, les populations de Bankass et de Bandiagara ne cachent plus leur mécontentement face à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays dogon. Elles multiplient les actions, comme le blocus imposé sur la RN15, la semaine dernière, ou encore des communiqués pour dénoncer l'insécurité qui règne dans leur zone.

Plusieurs bus ont été récemment attaqués par des groupes armés terroristes et leurs passagers pris en otage. Leurs proches se disent sans nouvelles d'eux.

La nationale 15 bloquée

Installation d'un camp militaire, quadrillage de la zone par l'armée malienne et libération des otages : ce sont les conditions posées par les habitants du cercle de Bankass pour lever le blocus sur la route nationale 15.

Jeudi et vendredi derniers, les accès à cet axe stratégique ont été bloqués par de jeunes manifestants qui protestaient ainsi contre la multiplication des attaques, visant notamment les bus de transports.

Mamoutou Guindo, du Comité local des jeunes de Bankass, explique aussi que les représentants de Bankass n'ont pas pris part à la phase régionale du dialogue inter-malien qui s'achève ce lundi 22 avril 2024 :

"Nous estimons que participer à ce dialogue n'a pas de sens. Parce qu'à chaque fois qu'on participe à ce genre de rencontre sur la cohésion sociale et le retour de la paix, c'est à ce moment même qu'on nous attaque. C'est à ce moment qu'on nous prend en otage".

"Nous sommes livrés à nous-mêmes"

Soungalo Tessougué, un autre habitant de Bankass, a un proche parmi les personnes enlevées par les groupes armés. Celui-ci parle d'un sentiment d'abandon :

"Nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous ne savons vraiment pas où aller, nous n'avons pas de secours. J'ai l'impression que tout le monde est sourd et muet sur la situation actuelle des personnes enlevées en 2021, en 2023 et jusqu'à présent en 2024. Nous, les populations de Bankass, nous avons souffert, nous ne savons que faire et encore moins que dire".

Les forces vives de la région de Bandiagara ont, dans un communiqué, publié vendredi dernier (19 avril), dénoncé, "la persistance des attaques terroristes, les récents enlèvements et prises d'otages des civils, le nombre croissant des déplacés et l'inaction des forces armées et de sécurité". 

Les jeunes réclament d'être protégés

Amadou Lougué, le président de l'Association des jeunes de Bandiagara, explique le mouvement de protestation: "Notre objectif, c'est de demander plus de sécurité. Il faudrait que les autorités nous comprennent dans ce sens. Nous sommes des Maliens. Tout le monde a droit à la sécurité, comme les autres Maliens. Nous nous sommes dit que c'est un moyen de mettre la pression sur nos autorités pour au moins assurer notre sécurité".

Les habitants de Bankass prévoient un nouveau blocus, ce mercredi 24 avril, sur la RN15 si leurs revendications ne sont pas satisfaites entre-temps.

Nous avons cherché à contacter, sans succès, un responsable de la Commission défense et sécurité du CNT, l'organe législatif de la transition.