Mali : le dialogue risque inter-Maliens, une coquille vide ?
16 avril 2024La ville de Bamako a abrité six sites comptant chacun une centaine de participants enregistrés.
Après trois jours de travaux, les intervenants, jeunes ou vieux, ont formulé des recommandations autour des cinq thèmes centraux retenus comme articulations à ce dialogue qui vise à recoudre le tissu social malien.
Mais beaucoup au sein de la classe politique et des groupes armés dénoncent le manque d'ouverture des discussions qui viennent de débuter dans le pays.
Des partis politiques absents
Visite sur le site de la commune II du district de Bamako. Une salle comble avec des participants studieux. Ils discutent de la dernière touche à apporter aux recommandations finales.
Les thèmes sur lesquels ils ont discuté ces derniers jours se rapportent à la paix et à la réconciliation nationale, à la défense et à la sécurité, à l'économie et au développement, à la géopolitique et à l'environnement international ainsi qu'aux questions politiques et institutionnelles.
Mohamed Traoré, dit Bill, est membre du mouvement "Résistance citoyenne". A la DW, il affirme qu'Il aurait souhaité que les partis politiques participent aux discussions. Mais finalement, les participants s'en sont passé dans la salle.
"Les gens ont répondu massivement à cette assise. Les participants viennent de la société civile, les légitimités traditionnelles sont là, les personnes ressources qui n'appartiennent ni aux partis politiques, ni aux associations" explique Mohamed Traoré.
Selon lui "certains sont venus individuellement et volontairement". Il précise par ailleurs que "ce sont les mêmes personnes" qui devraient être mobilisés par les partis politiques. "On n'a vraiment pas senti l'absence de la classe politique" assure-t-il.
Apporter sa pierre à l'édifice
Souleymane Coulibaly, chef de quartier "TSF", en commune II, invite de son côté, les partis politiques à prendre le " train du dialogue en marche".
"Le Mali ne peut être construit que par nous, Maliens. Avant d'être parti politique, tu es Malien. Il faut venir, ce que tu as dans ton cœur, viens le dévoiler. Nous sommes en règle ici, c'est la démocratie", assure Souleymane Coulibaly.
A la fin de leurs discussions, les participants ont recommandé l'instauration d'une police de proximité en commune II ou encore réclamé une collaboration plus fructueuse entre la population et les forces de défense et de sécurité.
Cissé Kadidia Haidara, une autre participante, met l'accent pour sa part sur la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Elle suggère par ailleurs la réduction du train de vie de l'Etat et une contribution citoyenne pour soutenir l'effort de guerre.
"Que tu sois fonctionnaire ou pas, qui que tu sois, chaque Malien où qu'il se trouve doit apporter sa pierre à l'édifice. Une façon de venir en aide à notre armée dans sa lutte contre le terrorisme. Nous sommes en partie responsables de la crise que nous traversons actuellement. Nous devons nous pardonner, nous accepter, nous devons être unis afin que notre pays sorte grandi de cette crise", explique-t-elle.
Le dialogue intermalien a entre autres pour objectifs d'identifier les sources des crises du pays, de prévenir et gérer les conflits en valorisant des mécanismes de gestion qui émanent du Mali, pour surmonter les crises puis consolider la paix.