L’Unicef s’inquiète de la situation des enfants en Ituri
14 juin 2023Le conflit est d'une rare violence dans les territoires de Djugu et de Mahagi, selon des humanitaires. Dans cette zone, des villages sont régulièrement incendiés, les récoltes pillées et les images de meurtres commis souvent à la machette sur des hommes, des femmes et même des enfants sont insoutenables.
La dernière attaque en date est celle du site de déplacés de Lala, commise par la Codéco, la Coopérative pour le développement du Congo, qui a fait au moins 45 morts dont 23 enfants.
''Au moins 90% de la population du site de Lala ont fui"
Joel Smith porte-parole du Haut-commissariat de l'Onu pour le refugiés en RDC, décrit une situation humanitaire préoccupante :
"Au moins 90% de la population du site de Lala ont fui et reste dans le besoin. Nous réitérons notre appel à tous les acteurs impliqués pour qu'ils respectent la nature civile et humanitaire des sites de déplacés et qu'ils assurent la sécurité et le bien-être des populations déplacées.''
L'Unicef et ses partenaires en Ituri estiment que 5.000 enfants ont été touchés par cette attaque du camp de déplacés de Lala. Et toujours selon l'Unicef, environ 600 civils ont été tués et plus de 200 ont été blessés dans cette partie de la RDC, au cours des six derniers mois.
Grant Leaity, représentant de l'Unicef en RDC, affirme que la sécurité et la protection des enfants devient une préoccupation de plus en plus urgente en Ituri.
Selon lui, "à cause de cette insécurité, ils (les enfants) ne sont pas en mesure de manger correctement, il y a des problèmes de malnutrition, et il y a des zones qui ne sont plus desservies par les activités… par exemple les campagnes de vaccination. C'est préoccupant sur tous les plans."
Pour le moment, l'Unicef apporte un soutien psychologique aux enfants et à leurs parents et soignent des enfants blessés qui n'ont pas été hospitalisés.
Absence de l'autorité de l'Etat ?
Le conflit en Ituri persiste depuis 2017, mais la situation s'est considérablement détériorée depuis le début de cette année, affirment les Nations unies.
Gratien Iracan, député national de la province de l'Ituri, attribue la responsabilité, de cette spirale de violence à l'absence de l'autorité de l'Etat dans cette partie du pays. "On est face aujourd'hui à une province qui est contrôlée partiellement par les forces de sécurité du gouvernement central, explique-t-il. Cela veut dire que quand vous prenez aujourd'hui le territoire de Djugu comme celui de Mahagi et même de Irumu, la population se sent abandonnée complètement."
Selon le HCR, plus de deux cents personnes déplacées ont été tuées en l'espace de neuf mois lors de seize attaques contre des sites où elles étaient hébergées, dans le seul territoire de Djugu, dans la province de l'Ituri.
Selon le dernier bilan du HCR, l'Ituri compte à ce jour près de deux millions de déplacés qui sont disséminés dans 64 sites.