Une délégation de la Cédéao à Conakry
21 juillet 2022La mission a été conduite par le nouveau président en exercice de l’organisation sous-régionale, le président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló et est composée entre autres de l’ancien président béninois, Boni Yayi, désigné médiateur de la crise en Guinée.
En compagnie de Thomas Boni Yayi et du tout nouveau président de la Commission de la Cédéao, le Gambien Omar Alieu Touray, Umaro Sissoco Embaló a été reçu mercredi par le colonel Doumbouya.
Les trois hommes ont ensuite rencontré Bernard Gomou, qui assure l'intérim du Premier ministre Mohamed Béavogui en voyage à l'étranger, et des membres de son gouvernement et des membres du Parlement de transition, ainsi que des diplomates de France, des USA, d'Allemagne, du Japon et d'Italie. De son côté, la classe politique insiste pour que se tienne un dialogue national.
Diao Baldé, le leader du parti Union pour la Guinée Nouvelle (UGN), une formation politique membre de l’Alliance pour l'alternance démocratique (Anad), une coalition des partis de l’opposition, a insisté pour la tenue d’un dialogue politique sincère.
"La principale revendication pour nous, c'est qu'il faut ouvrir un dialogue. Nous sommes dans une situation de crise, ce n’est pas une concertation, la junte qui est là n’a pas la légitimité donc ce qui doit prévaloir c’est le consensus. Le consensus ne peut être obtenu qu’à travers le dialogue inclusif. C’est pour discuter des questions essentielles pour un retour à l’ordre constitutionnel", a-t-il déclaré.
Dialogue compromis
Selon le politologue Aboubacar Demba Diabi, enseignant-chercheur à l 'université Général Lansana Conté de Conakry le rapprochement entre la junte au pouvoir et la classe politique va être difficile à cause des actions judiciairesengagées contre certains acteurs majeurs de la vie politique nationale. Pour lui, le manque de confiance entre les acteurs politiques est très profond.
"La délégation de la Cédéao aura quelques problèmes pour rapprocher les positions des acteurs politiques en Guinée. L’opposition pense que les actions juridiques contre certains leaders consistent à les éliminer dans la course. C’est pour vous dire combien de fois la confiance n’existe plus entre certains acteurs politiques, le gouvernement de la transition et le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement, acronyme de la junte militaire en Guinée)", a estimé Aboubacar Demba Diabi.
Le président Bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló et le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu ont quitté hier soir Conakry. Alors que l’ancien président béninois, lui, est toujours dans la capitale guinéenne.
Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre le président Alpha Condé au pouvoir depuis plus de dix ans (2010-2021), s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Délai qu’a rejeté la Cédéao qui exige un calendrier raisonnable.