Trump n'est pas le candidat des Africains
31 août 2016Au Ghana, la star de reggae a dédié une chanson au représentant du parti républicain. Dans cette chanson intitulée "Donald Trump, tu es trop idiot", le milliardaire new-yorkais y est tourné en ridicule, par exemple pour ne connaître l'Afrique "que par les safaris".
Donald Trump n'a pas bonne presse au Ghana. Pour cette femme rencontrée à Accra, la balance penche nettement du côté de la candidate démocrate Hillary Clinton:
"Je ne peux pas dire si Hillary est mieux. Elle n'a rien dit sur l'Afrique, mais j'ai une impression positive d'elle. Donald Trump a une perception négative de l'Afrique. S'il devient président, il va laisser les Africains sur le carreau."
De nombreux Ghanéens sont convaincus que le candidat républicain assimile la couleur de peau noire à la criminalité. Ils n'ont pas non plus oublié ses déclarations sur les musulmans. C'était en décembre 2015, juste après une tuerie commise par deux musulmans radicaux:
"Donald J. Trump appelle à une fermeture complète des frontières aux musulmans qui veulent entrer dans le pays, jusqu'à ce que nos élus comprennent ce qui se passe!"
L'avenir des relations américano-africaines en danger
Des mots qui résonnent encore sur un continent où près d'une personne sur deux pratiquent la religion islamique. Comme les États-Unis sont un pays importants pour de nombreux États, notamment sur le plan militaire ou humanitaire, certains comme le politologue Abeiku Essuman-Johnson s'inquiètent de voir une détérioration massive des relations américano-africaines en cas d'élection du candidat Trump:
"Trump a déjà offensé plusieurs pays en Afrique, comme le Nigeria et la Somalie. Cela ne fait pas de lui un candidat que l'Afrique veut voir à la Maison Blanche."
Hillary Clinton serait-elle une meilleure alternative? Alhassan Hardi, étudiant, n'en est pas sûr. Dans son autobiographie, la candidate démocrate ne mentionne pratiquement pas l'Afrique. Et elle était secrétaire d'État lorsque les États-Unis ont précipité la chute de Mouammar Kadhafi en Libye, entraînant le chaos et des conséquences dramatiques, de la Tunisie jusqu'au Tchad. Alhassan Hardi:
"Voter revient toujours à choisir entre deux maux. Trump est un homme d'affaire connu et nous voudrions tous faire des affaires avec les États-Unis. Mais je ne crois pas que sa politique serait dans l'intérêt de l'Afrique."
Donald Trump a, comme aucun autre, fait comprendre qu'il privilégierait les intérêts des Américains. Il réclame par exemple qu'un pays comme le Nigeria paie les frais du déploiement américain dans la lutte contre Boko Haram. Le Ghana, traditionnel allié des États-Unis, peut de son côté craindre de voir disparaître ses avantages commerciaux. Quant à la lutte contre le changement climatique, elle n'est pas compatible avec les intérêts de l'économie américaine tels que les entend Donald Trump.