Donald Trump, une "grande gueule"?
3 août 2016"Il semble que cette fois Donald Trump soit allé trop loin, relève la taz, die tageszeitung. Ses déclarations offensantes contre le couple Khizr et Ghazala Khan ont déclenché une tempête de critiques – inhabituelle pour le candidat- qui, jusqu'ici, s'est permis de nombreux faux pas sans pour autant trébucher. Mais maintenant, même ses amis dans le camp républicain ont pris leurs distances. Le candidat a touché à un tabou.
Le capitaine américain Humayun Khan, un musulman, était tombé au champ d'honneur pendant la guerre d'Irak en 2004. La taz souligne qu'il est amer qu'un musulman doive avoir un tel destin pour que l'on prenne sa défense, alors que l'opinion publique accepte sinon des offenses permanentes contre cette communauté religieuse…L'affaire Khan montre à quel point le discours public s'est éloigné des règles fondamentales du respect et de la bienséance…Et pas seulement aux Etats-Unis !, regrette le quotidien berlinois..
Sous le titre "Un faux brave sans sens du devoir ! " la Süddeutsche Zeitung rappelle que dans la seconde moitié des années soixante, de nombreux jeunes Américains ont essayé d'échapper au service militaire au Vietnam. Ce qui a causé bien des conflits, d'autant plus que les enfants issus des classes privilégiées pouvaient plus facilement s'y dérober.
Les statistiques montrent que ceux qui ont servi au Vietnam et ceux qui y sont tombés étaient majoritairement des jeunes pauvres, sans formation avancée, dont aussi de nombreux Noirs et Latinos. D'où le slogan de l'époque:" poor kids fighting a rich man's war", les enfants pauvres font la guerre des riches ! Donald Trump était un enfant de riches, un de ceux qui ont échappé avec le sourire au service militaire.
Que de jeunes Américains se soient soustraits à ce service à l'époque n'est pas répréhensible en soi, estime le journal. Mais Donald Trump n'est lui qu'un fanfaron bravache qui prend régulièrement en bouche des mots tels que "devoir patriotique", "héros américain" sans jamais avoir été lui - même un modèle pour ce que nombre de ses électeurs entendent par "devoir patriotique" ! Les vétérans du Vietnam et les Blancs de la classe moyenne -qui forment le gros du parti républicain-pourraient bien se détourner de ce milliardaire cynique, conclut le quotidien de Munich.