La société civile dresse un sombre bilan du règne Déby
23 avril 2021Le Conseil militaire de transition mis en place à la tête de l’Etat tchadien est dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, l’un des fils du président décédé. Sa nomination à ce poste a été suivie par la dissolution simultanée du Parlement et du gouvernement.
Mahamat Idriss Déby Itno devra conduire cette transition pour une durée de dix-huit mois. Mais pour l’activiste tchadien Abdel Maina, il n’y a aucun changement entre les trente ans passés au pouvoir par Déby et sa succession par son fils. "Les trente années du règne d’Idriss Déby qui continuent avec son fils qui est à la tête du commandement militaire pour la transition sont pour moi négatives. Idriss Déby a mis le Tchad à terre", s’indigne l’activiste tout en concluant sur le fait que l’ex président tchadien a mis à mal les institutions du pays. "Il a détruit toutes les institutions de la République : le système éducatif, l’armée, l’exploitation du pétrole tchadien depuis 17 ans dont les Tchadiens n’ont pas vu les retombées puisque vous avez une capitale qui est totalement dans le noir, il n’y a pas d’eau, pas d’électricité."
Idriss Déby Itno, un dirigeant éclairé ?
Si pour certains, Idriss Déby a mis les institutions du Tchad à terre, pour Abdel Nasser Garboa, chargé de la communication du candidat Déby lors de la dernière élection présidentielle, celui-ci était un dirigeant éclairé qui a su faire respecter le Tchad dans le monde. Selon lui, "Idriss Déby Itno est un dirigeant qui savait anticiper sur les évènements, un dirigeant qui savait mener ses troupes. Idriss Déby Itno est un grand homme d’Etat."
Au Tchad, le parti d'Idriss Déby pleure la mort de son chef
Au sein de la société civile, la plupart des voix s’accordent toutefois pour dénoncer la perpétuation du régime par un putsch militaire.
Alain Kemba Dida est le coordinateur du mouvement citoyen Le temps. Il retient que pendant les 30 ans de règne d’Idriss Déby Itno, ce dernier a muselé l’opposition, la presse et la société civile : "Nous retenons de lui que c’est une personne qui a confisqué le pouvoir pendant son règne. Aujourd’hui, il laisse un Tchad plein d'incertitude, un Tchad qui n’est pas réconcilié avec lui-même et la junte au pouvoir aujourd’hui reprend les procédés utilisés par l’ancien président."
L’opposition tchadienne dit non à une transition militaire
Dans une déclaration commune signée ce jeudi (22.04), des organisations de la société civile tchadienne, ainsi que des défenseurs des droits de l’homme, exigent la mise en place d’une transition civile et constitutionnelle.