Sénégal: l'APR survivra-t-elle à Macky Sall?
19 avril 2024Juste après l'annonce de la victoire de Bassirou Diomaye Faye, à l'issue du premier tour de l'élection présidentielle du 24 mars, le président Macky Sall, par ailleurs chef de l'Alliance pour la République, a envoyé une lettre à ses militants. Il leur annoncé son intention de rester à la tête de cette formation politique qu’il a créée en 2008.
Mais au regard de l'histoire politique récente du Sénégal, l'APR n'a plus d'avenir, souligne Balla Cissé, docteur en droit constitutionnel, spécialiste des questions de justice constitutionnelle et avocat au barreau de Paris.
Il explique de "Depuis le départ du président Wade (le 2 avril 2012, ndlr), son parti politique (Parti démocratique sénégalais) a été dans l'incapacité de remporter beaucoup de sièges, que ce soit lors des élections législatives ou des élections municipales. Il y aura la disparition du parti (Alliance pour la République, APR-Yaakaar du président sortant Macky Sall). Parce que la succession du chef de l'Etat n'était pas préparée. Le temps des libéraux, c'est fini au Sénégal. Macky Sall est un libéral, Abdoulaye Wade est un libéral. Les libéraux ont gouverné le Sénégal pendant plus de 30 ans".
Remontada?
Amadou Ba, l'ancien Premier ministre de Macky Sall, est donc arrivé deuxième lors de la dernière élection présidentielle avec 35,79 % des voix, soit plus de 1,6 millions d’électeurs. Tandis que le troisième, Aliou Mamadou Dia, du Parti de l’unité et du rassemblement, n'a obtenu que 2,8%.
Le parti de Macky Sall peut-il tirer un bénéfice politique du score de son candidat lors des prochaines élections législatives de l'automne prochain ?
Serigne Bamba Gaye est politologue, spécialiste en relations internationales et en analyse des politiques publiques estime que "compte tenu de l'ampleur de la victoire de Bassirou Diomaye Faye et son camp, tout laisse penser, de manière mécanique, que la coalition incarnée par le parti Pastef sortira largement victorieuse des prochaines élections législatives, parce que cette coalition a gagné dans les bassins électoraux du Sénégal : Dakar, Touba, etc… La coalition sortante du parti au pouvoir, la coalition Benno Bokk Yakaar, pourrait résister dans certaines zones, notamment dans les zones rurales, parce que les zones urbaines ont été largement gagnées par le Pastef".
Une loi qui n'a pas encore été adoptée prévoit un statut de chef de l'opposition au Sénégal. Le projet de texte prévoit des privilèges pour le candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle. Une fonction qui pourrait revenir à Amadou Ba.