Au Darfour, des gouverneurs plaident pour la paix
16 mai 2023Un mois après le début de la guerre, tout porte à croire qu'on est encore loin de la fin des combats. Lundi 15 mai encore, des frappes aériennes et des explosions ont touché la capitale. Les combats entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo ont déjà fait près d'un millier de morts et environ un million de déplacés et de réfugiés. Selon l'agence soudanaise Suna, une réunion d'urgence des gouverneurs de la région du Darfour a ainsi été organisée à El Fasher.
Une réunion des gouverneurs
S'informer de la situation sécuritaire et humanitaire sur le terrain et œuvrer pour désamorcer la crise, rétablir la sécurité et ramener la paix... c'était l'objectif de la réunion des gouverneurs, selon l'agence soudanaise Suna.
Il n'y a en effet pas qu'à Khartoum que les combats font rage. Au Darfour, dans l'ouest, les habitants évitent aussi de sortir par peur des balles perdues.
Selon le syndicat des médecins, rien que ce week-end, dans la seule ville d'El-Geneina, 280 personnes sont mortes en raison des affrontements et la situation humanitaire est inquiétante sur place.
Les gouverneurs souhaitent donc exhorter les pays voisins à ouvrir leur frontière pour soigner les blessés et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire.
Il s'agit également d'envoyer aux personnes touchées par les affrontements des médicaments et du matériel pour abris empilés à Port-Soudan, via les aéroports d'El Fasher et de Nyala.
Depuis le début de la guerre, certains habitants du Darfour, comme Issa, en déplorent l'impact sur les populations civiles.
" Nous avons été touchés par une guerre dans laquelle nous n'avons rien à voir.( …) Les généraux se battent pour le pouvoir, tandis que le peuple soudanais souffre et est déplacé" déplore-t-il.
Mettre en œuvre l'accord de "Djeddah"
Pour apaiser les tensions, certains gouverneurs, comme celui de la région du Darfour, Minni Arko Minnawi, appellent les deux parties à mettre en œuvre l'accord de "Djeddah", en particulier les points visant à mettre fin à la violence, permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et rétablir les services de base pour les civils.
Tout en rappelant que "la guerre au Darfour ne s'est jamais arrêté" Jacky Mamou, président du Collectif urgence Darfour, reste toutefois prudent en ce qui concerne les exhortations des gouverneurs.
"Les gouverneurs sont des gens d'al-Burhane. Ce sont des gens de l'Etat soudanais, mis en place par le gouvernement d'al-Burhane, donc leur parole ne vaut que celle d'un camp. Et puis chacun des deux camps, les deux généraux, veulent apparaître avec une image d'homme ouvert aux questions humanitaires qui veut bien laisser passer un peu d'aide humanitaire" explique-t-il.
Depuis la guerre qui a fait environ 300.000 morts dans les années 2000, les armes circulent en grand nombre dans la région du Darfour et militaires, paramilitaires, combattants tribaux et civils armés s'y affrontent. Une situation que vient exacerber la crise actuelle dans le pays.