Au Sénégal, ces candidats qui veulent faire la différence
22 mars 2024Au Sénégal, ils sont désormais dix-sept candidats en lice pour la présidentielle du dimanche 24 mars. Parmi eux, une femme, la seule en lice pour cette présidentielle qui aura lieu le 24 mars, Anta Babacar Ngom, il y a aussi Bassirou Diomaye Faye, candidat de l'opposition et Amadou Ba le successeur choisi par le président sortant Macky Sall. Le choix de ce dernier s'est fait sur fond de divisions internes au sein du parti au pouvoir et d'inquiétudes au sujet de son manque d'expérience électorale.
Amadou Ba le "serviteur de l'Etat"
"Je m'engage à être le président de l'emploi des jeunes. Je m'engage à préserver ce que j'ai appris, mettre en œuvre des programmes innovants. Et je m'engage à créer un million d'emplois sur le marché du travail." C'était lors de l'un de ses meetings de campagne, Amadou Ba, 62 ans, ancien inspecteur des impôts, adoubé par le président sortant Macky Sall pour porter les couleurs de la coalition gouvernementale faisait ainsi une nouvelle promesse électorale adressée aux jeunes Sénégalais.
Celui-ci promet, s'il est élu, de soutenir en particulier également l'agriculture, l'industrie, les infrastructures et les énergies renouvelables.
Ministre de l'Economie et des Finances de 2013 à 2019, Amadou Ba a joué un rôle important dans la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, vaste programme pluriannuel de développement.
Celui qui a aussi été ministre des Affaires étrangères avant d'être nommé Premier ministre en 2022, se présente comme un "serviteur de l'Etat" qui maîtrise ses dossiers. Un argument que relaient volontiers ses partisans.
"Amadou Ba c'est l'assurance, Amadou Ba c'est un homme d'Etat. C'est pourquoi on a choisi Amadou Ba comme candidat à la succession du président Macky Sall" assure Birahim un partisan du candidat
Si son style inspire confiance, Amadou Ba qui prône "l'unité, la paix et l'espoir", disposerait d'un réseau solide de relations, y compris chez les chefs religieux, très influents dans le pays.
Une ombre au tableau toutefois : technocrate sans expérience électorale, son choix pour représenter la coalition présidentielle Benno Bok Yakaar a été contesté au sein de son propre camp.
Et puis il y a aussi les accusations de corruption lancées par les députés d'opposition du Parti démocratique sénégalais, le PDS.
Des accusations contestées par Amadou Ba et selon lesquelles celui-ci aurait soudoyé deux juges du Conseil constitutionnel qui a entériné le report du scrutin, qui aura finalement lieu ce 24 mars.
Bassirou Diomaye Faye "le candidat antisystème"
Son camp prédit une victoire dès le premier tour... Bassirou Diomaye Faye, 43 ans, a été désigné candidat pour remplacer Ousmane Sonko, président du Pastef dissout qui ne peut pas se présenter en raison de ses deux condamnations.
Bassirou Diomaye Faye, qui était lui-même détenu depuis avril 2023, n'a retrouvé la liberté que récemment, en même temps qu'Ousmane Sonko, grâce à une loi d’amnistie.
S'il se présente comme le candidat du changement de système et d'un panafricanisme de gauche, Bassirou Diomaye Faye promet une réappropriation de la souveraineté nationale. Un thème qui lui tient à cœur.
" Nous ne pouvons pas accepter les tabous autour de certaines questions. 63 ans [après l'indépendance], on ne peut pas avoir peur d'aborder des questions qui nous concernent et qui nous tiennent à cœur – la souveraineté, à savoir la souveraineté monétaire. Il n'y a pas de souveraineté telle que nous la souhaitons (...) s'il n'y a pas de souveraineté monétaire" expliquait-il lors d'un point de presse.
Loin d'avoir l'expérience et le charisme de son mentor Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye peut néanmoins compter sur une base militante qui lui est dévouée.
A Ziguinchor, Bachir Koli, coordonnateur de la branche jeune du Pastef dissout, rappelle aussi l’honnêteté, selon lui, du candidat Bassirou Diomaye Faye.
"Depuis la création du parti, il a toujours été quelqu'un de simple. Il a travaillé 15 ans au fisc et personne ne peut l'accuser de malversations. Il a donc bien servi l'Etat du Sénégal " explique-t-il.
Diplômé de l'Ecole nationale d'administration, Bassirou Diomaye Faye a en effet travaillé à la Direction générale des impôts et des domaines. C'est là qu'il a fait la connaissance d'Ousmane Sonko avec qui il a cofondé le Pastef.
Anta Babacar Ngom, la candidate de "tous les Sénégalais"
Elle s’engage à améliorer les conditions de travail et la formation des jeunes, en mettant l'accent sur les femmes.
Anta Babacar Ngom en est convaincu, l'accès à l'emploi devrait permettre de résoudre “ 50 % des problèmes des femmes” au Sénégal.
Née dans le quartier de Pikine, en banlieue de Dakar, celle qui est aujourd'hui à la tête de la plus grande entreprise avicole du Sénégal est diplômé en économie, en Management International et en Communication. Elle prévoit dans son programme politique de défendre les femmes de la même manière qu'elle prétend l'avoir fait dans les affaires.
Anta Babacar Ngom espère que la large base d’électrices indécises pourra contribuer à faire pencher la balance en sa faveur lors de cette élection.
Et elle peut compter sur le soutien de certaines sénégalaises qui estiment que l’heure des femmes à sonné.
“Depuis 1963, seuls les hommes ont gouverné, de (Léopold Sédar) Senghor à Macky (Sall), mais c'est désormais à la nouvelle génération de prendre le relais, et ce sont les femmes qui dirigeront ce beau pays qu'est le Sénégal. Nous devons construire ce Sénégal sur des valeurs, sur l’autonomisation des femmes”, assure ainsi une militante qui soutien Anta Babacar Ngom.
Si la question du genre est au centre de sa stratégie politique, Anta Babacar Ngom qui se présente sous les couleurs de son parti l'Alternative pour la relève citoyenne, assure toutefois être la candidate de tous les Sénégalais.
Selon elle "il faut remettre les Sénégalais au cœur de nos préoccupations, et résoudre les problèmes liés à la précarité, à la pauvreté, à l'éducation et à la santé. "
A 40 ans, Anta Babacar Ngom, chef d’entreprise et novice en politique, souhaite incarner une image plus moderne d’une société où le patriarcat reste profondément enraciné.