La Casamance au rythme de la campagne électorale au Sénégal
19 mars 2024Ousmane Sonko et le candidat de son mouvement à la présidentielle du 24 mars, Bassirou Diomaye Faye, se sont rendus en Casamance ce week-end pour battre campagne.
A cela rien de bien étonnant, car cette région du sud du Sénégal est considérée comme leur bastion politique – Ousmane Sonko a même été maire de la ville de Ziguinchor.
Mais plusieurs des 19 candidats en lice ont décidé de passer par là durant la campagne.
Fort potentiel agricole
La Casamance, c'est le "jardin d'Eden" du Sénégal. C'est en tout cas ainsi que les voyagistes vantent sa végétation luxuriante, ses plages et ses mangroves.
Mais la Casamance, c'est aussi un conflit indépendantiste qui dure depuis plus de quarante ans. Le MFDC, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance, compte désormais parmi les plus anciennes rébellions armées du continent.
C'est sans doute pourquoi le candidat Khalifa Sall a précisé dans son discours à Kolda qu'il souhaitait "reverdir la Casamance" et en faire un lieu de "paix".
La population casamançaise, à majorité diola, est frappée par le chômage et l'insécurité alimentaire. Elle se sent parfois laissée pour compte par le gouvernement de Dakar alors qu'elle représente environ 8% de la population sénégalaise.
L'espoir de changement
Ousmane Sonko, ancien maire de Ziguinchor, avait obtenu plus de 15% des voix lors du dernier scrutin présidentiel, en 2019, et jusqu'à 50% des suffrages en Casamance.
Ibou Diatta, enseignant, et Moustapha Bandia ont décidé de soutenir Bassirou Diomaye Faye, dans l'espoir que les choses changent.
Il est le candidat désigné par Oumane Sonko pour représenter la coalition "Diomaye président", alors que le Pastef a été dissous. Il promet notamment "une réduction drastique du chômage" dans la région.
"Ce que l'on veut, c'est le changement total, explique Moustapha Bandia. Ce qui doit avoir lieu à Dakar, ça doit avoir lieu à Thiès. Ce qui doit avoir lieu à Thiès, ça doit avoir lieu ici à Ziguinchor. C'est ça qu'on veut. On veut que tous les biens du Sénégal soient partagés par nous tous."
"On a des richesses ici, au Sénégal,affirme Ibou Diatta. Mais le Sénégal me semble ne pas bouger. C'est comme si vous avez une voiture neuve et qui ne bouge pas. C'est ça."
Sécurité alimentaire, emploi et santé
Le candidat Déthié Fall, qui était aussi à Ziguinchor ce week-end, met aussi ce potentiel en avant.
Le candidat affirme vouloir faire de la Casamance le "grenier du Sénégal". Selon lui, "les produits 'made in Sénégal' peuvent inonder les supermarchés" et la souveraineté alimentaire est atteignable dans le pays si le potentiel agricole casamançais est exploité.
Anta Babacar Ngom, la seule femme à briguer la présidence, s'était rendue dès novembre dernier en Casamance. Elle met la priorité sur les problèmes sociaux et la jeunesse.
"Nous voulons replacer les Sénégalais au cœur des préoccupations et résoudre les problèmes liés à la précarité, à la pauvreté, à l'éducation et la santé. Je veux une assurance santé sur le modèle du Obamacare pour mon pays, qui permette à la population sénégalaise, surtout à ceux qui n'ont pas les moyens, d'accéder à un système de soins de qualité", a-t-elle déclaré.
Mamadou Lamine Diallo, le candidat de la coalition ”MLD Tekki”, a quant à lui promis, vendredi, de mettre sur pied un "véritable pôle régional de développement agro-industriel" en Casamance, avec des voies de chemin de fer, un port en eaux profondes.
Il a également profité de son passage en Casamance pour rencontrer la mère d'Ousmane Sonko et dénoncer la politique menée par le gouvernement sortant.
L'ancien Premier ministre de Macky Sall, Amadou Ba, se présente comme "le candidat de l'emploi des jeunes."
Il a choisi Sedhiou, en Moyenne-Casamance, pour organiser un meeting. Le président sortant a appelé la semaine dernière à travailler au désenclavement de la Casamance, en renforçant notamment la liaison maritime entre Ziguinchor et Dakar.
Observateurs étrangers
La Cédéao va envoyer une mission de 130 observateurs électoraux pour surveiller le bon déroulement du vote, le 24 mars. La mission sera conduite par Ibrahim Agboola Gambari, ancien chef de la diplomatie du Nigeria et ancien sous-secrétaire général des Nations unies.
L'Union européenne va déployer quant à elle une centaine d'observateurs dans les 46 départements du pays.