Le candidat de l'opposition serait en tête au Sénégal
25 mars 2024Il était encore en prison récemment. Bassirou Diomaye Faye, candidat de l'opposition, semble en tête lundi matin, après les premiers dépouillements du premier tour de la présidentielle du dimanche 24 mars au Sénégal. Au moins sept des 17 candidats l'ont déjà félicité, même si les résultats ne sont pas encore officiels. La commission électorale a jusqu'à vendredi pour publier les résultats provisoires, qui doivent ensuite être validés par le Conseil constitututionnel.
Dimanche soir, Amadou Ba, candidat du camp du président Macky Sall devait s'exprimer devant la presse, avant finalement d'annoncer qu'il le ferait ce lundi 25 mars. Au même moment des sympathisants de Bassirou Diomaye Faye ont exprimé leur joie dans la capitale. Mais l'issue du scrutin reste ouverte ce lundi. La direction de campagne d'Amadou Ba s'est dit certaine que "dans le pire des cas", le candidat serait au second tour. Il faut la majorité absolue des suffrages exprimés pour l'emporter au premier tour.
Des électeurs privés de vote
Le scrutin s'est globalement bien déroulé dimanche. Sur la DW ce lundi, Valdiodio Ndiaye, expert électoral et représentant de l'Institut électoral pour la démocratie durable en Afrique et membre du collectif de la société civile sénégalaise pour les élections disait sa satisfaction concernant la "mise a disposition du matériel, l'ouverture des bureaux à l'heure et la forte affluence". Il notait toutefois "quelques dysfonctionnements liés à l'augmentation du nombre de bureaux de vote dans certaines zones".
Cela concerne notamment Keur Massar, l'une des localités du département de Pikine. Des noms manquaient là sur les listes électorales après le nouveau découpage électoral et "certains électeurs n'ont pas pu voter", a confirmé le correspondant de la DW à Dakar Robert Adé.
Des institutions solides
L'élection de ce dimanche était un nouveau test pour la démocratie sénégalaise selon Ibrahima Kane, qui s'exprimait aussi sur la DW au lendemain du vote. "On observe un passage de témoin générationnel dans cette élection, avec une population jeune qui souhaite être gouvernée par des gens jeunes", décrypte le chercheur à la fondation Open Society basée à Dakar. "Cela s'accompagne d'une remise en cause des institutions du passé, les Sénégalais ne veulent plus de l'hyperprésidentialisation". Le chercheur s'est réjouie de "l'ambiance presque de fête" remarquée dimanche. "On a vu que les gens sont allés voter calmement (...), on a vu que le Sénégal a desinstitutions capables de gérer des situations difficiles".
Cette présidentielle au Sénégal se déroule dans un contexte très particulier. Les Sénégalais devaient initialement voter le 25 février. Mais le vote avait été reporté début février, après l'adoption d'un projet de loi en ce sens par les députés. Le camp présidentiel justifiait alors ce report par le souci d’organiser une élection plus "transparente et inclusive", après que des candidatures aient été invalidées. Le Conseil constitutionnel avait finalement contraint l'exécutif à fixerl'élection au 24 mars.