Sahle-Work, une femme présidente de l'Ethiopie... et après ?
25 octobre 2018Sahle-Work Zewde est la première femme présidente en Ethiopie et pour l'instant, la seule femme chef d'Etat en exercice du continent. Membre de la communauté amhara, âgée de 68 ans, elle a derrière elle une carrière diplomatique de haut vol.
Sahle-Work Zewde a servi notamment pour le compte des Nations unies auprès de l'Union africaine. Après des études à Paris, elle a aussi été ambassadrice de son pays au sein du bloc régional est-africain de l'Igad. Mais il n'est pas certain que sa nomination suffira à régler les problèmes du pays.
Premiers échos enthousiastes
Les premières réactions collectées parmi les auditeurs du programme amharique de la DW sont enthousiastes. "Je suis très heureux. Les femmes peuvent très bien occuper les plus hautes fonctions du pays. Le premier ministre Abiy Ahmed a déjà nommé dix femmes ministres, c‘est un premier pas important. Quand elle était ambassadeur à Paris, elle était très dynamique", se réjouit un auditeur.
Une auditrice se dit "fière" et "heureuse", une autre affirme attendre beaucoup "notamment pour la promotion des droits des femmes."
Un autre auditeur estime, lui , que le sexe du nouveau chef de l'Etat importe peu "le principal c'est qu'elle ait l'expérience et les qualifications nécessaires" or, selon lui, Sahle-Work "est la bonne personne pour ce poste."
Le choix d'une femme à la tête de l'Ethiopie, alors qu'il n'y avait plus de femme chef d'Etat en fonction en Afrique est un symbole fort sur le papier.
Un espoir tout relatif
Dans la pratique, cette nomination sera insuffisante pour changer les choses en profondeur dans une Ethiopie qui va mal, confrontée à de graves problèmes sociaux et un regain de tensions ethniques. C'est du moins l'analyse du chercheur indépendant René Lefort. Ce spécialiste de la Corne de l'Afrique qualifie le choix de Sahle-Work Zewde de nouveau "coup de comm'" du jeune Premier ministre Abiy Ahmed:
"Comme on le dit en France, le rôle du président de la République en Ethiopie, c'est d'inaugurer les chrysanthèmes, c'est une fonction essentiellement honorifique, elle n'aura pas de rôle particulièrement important. Le choix n'est pas celui, par Abiy, de quelqu'un qui aurait eu tel ou tel profil. Il fallait un Amhara, il voulait une femme, on a regardé ce qu'on avait sous la main, on a trouvé Sahle-Work. Mais le fond du problème des tensions à l'intérieur et entre les régions dépasse le fait qu'on nomme un Amhara ou un Oromo au poste de président de la République."
Pour rappel, le Premier ministre Abiy, en place depuis avril, est un représentant des Oromos, la plus grande des minorités qui constitue 37% de la population.
Les Amharas représentent environ un quart de la population. Ces deux principaux groupes ethniques se disputent la répartition des pouvoirs.