Scholz à Moscou pour désamorcer les tensions
15 février 2022La rencontre devait durer quatre heures, mais les deux hommes ont fait plus vite que prévu le tour de la question. Au sortir de leur réunion, Olaf Scholz a estimé que la situation était "grave mais pas désespérée".
Selon le chancelier allemand, le retrait partiel des troupes russes de la frontière ukrainienne annoncé mardi matin (15.02.22) par Vladimir Poutine est un "bon signe" vers une désescalade jugée "urgente" après des semaines de tension.
La porte ouverte au dialogue
De son côté, le président russe a réaffirmé que son pays ne voulait pas la guerre. Il s'est dit "prêt à continuer le travail en commun" et à aller "sur le chemin de la négociation" avec les Occidentaux.
Moscou maintient ses principales exigences : la fin de la politique d'élargissement de l'Otan, l'engagement de ne pas déployer d'armes offensives à proximité du territoire russe et le retrait des infrastructures de l'Alliance transatlantique sur les frontières de 1997, soit avant l'intégration des pays de l'ex-bloc soviétique.
Il s'agit pour les deux parties d'aboutir à un compromis, sans qu'elles aient à renoncer à leurs principes respectifs, a résumé Olaf Scholz qui estime que les efforts diplomatiques pour éviter un conflit sont "loin d'être épuisés".
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Des paroles, mais surtout des actes
Depuis Madrid, la chef de la diplomatie allemande a toutefois estimé qu'il fallait maintenant passer aux actes. "Chaque pas véritable vers la désescalade serait une raison d'espérer", a déclaré Annalena Baerbock. "Jusqu'à présent, il n'y a eu que des annonces et nous avons maintenant besoin d'actes et pas seulement de mots. Nous avons besoin d'une preuve de confiance, et nous avons besoin de paix et de sécurité pour tous les peuples d'Europe."
Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, réclame aussi des actes. Selon lui, le rappel de ses troupes par la Russie ne permet pas encore un apaisement des tensions car les équipements lourds sont toujours sur place et permettraient à Moscou d'intervenir rapidement.
L'Ukraine, pour sa part, a salué les efforts diplomatiques des derniers jours mais son ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a dit qu'il croirait à une désescalade quand il verrait un retrait effectif des forces russes de la frontière.
D'autres signes laissent néanmoins espérer une désescalade ou du moins, la poursuite du dialogue : en visite lui aussi à Moscou, le chef de la diplomatie polonaise Zbigniew Rau, dont le pays assure la présidence tournante de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a proposé à la Russie "une initiative pour un nouveau dialogue sur la sécurité européenne".
Une proposition que son homologue russe Serguei Lavrov a jugée "intéressante".
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La Douma appelle Poutine à reconnaître les territoires séparatistes
En revanche, une autre menace plane. Les députés de la Douma ont voté un appel au président Poutine de reconnaître l'indépendance des territoires séparatistes dans l'est de l'Ukraine. Une demande qui "reflète l'avis de la population" russe, selon le porte-parole du Kremlin.
La reconnaissance de ces territoires marquerait la fin des accords de Minsk qui avaient lancé le processus de paix dans l'est de l'Ukraine. Et ouvrirait la porte à une reprise du conflit entre Moscou et Kiev.
L'Union européenne a d'ailleurs "fermement condamné" le vote de la Douma. Bruxelles estime que "cette reconnaissance serait une claire violation des accords de Minsk", signés sous médiation franco-allemande et qui prévoient à terme le retour de ces territoires sous le contrôle de Kiev.