Eviter une guerre en Ukraine
10 février 2022Les pourparlers diplomatiques se sont multipliés ces derniers jours entre les chefs d'Etat européens, russes et ukrainien, laissant espérer une désescalade. Mais alors que les discussions se poursuivent, la Russie a lancé aujourd'hui des manœuvres militaires au Bélarus tandis que les Américains ont transféré des troupes vers l'est du continent européen. Alors peut-on croire à la « désescalade » des tensions espérée hier soir encore ?
Le Kremlin, Kiev et les occidentaux, tous se félicitaient hier soir [09.02.22] de "vraies chances " d'éviter une guerre en Ukraine, relevant des signaux positifs après plusieurs jours d'intense activité diplomatique.
Le gouvernement ukrainien saluait notamment l'efficacité des menaces de sanctions brandies par les Etats-Unis et leurs alliés face à la Russie.
La diplomatie d'Olaf Scholz
Comme Emmanuel Macron, Le chancelier allemand Olaf Scholz souligne par exemple les "progrès" atteints durant les négociations avec Moscou et prône la diplomatie.
"Nous savons qu'il s'agit d'une situation très difficile. (…) Nous avons la volonté d'engager un dialogue à tous les niveaux et dans tous les formats possibles au sein du Conseil Otan-Russie, dans le cadre de l'OSCE, de manière bilatérale entre les Etats-Unis et la Russie et, bien sûr, en particulier dans le format Normandie, afin de faciliter une solution politique."
Aujourd'hui, le chancelier allemand recevait les dirigeants des pays baltes, voisins de la Russie. En plus d'avoir réactivé avec la France le format de négociations dit format Normandie, qui réunit l'Ukraine, la Russie, la France et l'Allemagne, Berlin refuse par ailleurs la livraison d'armes allemandes à l'Ukraine.
Mouvements de troupes signalés de part et d'autre
Le porte-parole du Pentagone annonçait hier que le nombre de soldats russes le long de la frontière ukrainienne était de "plus de 100.000 hommes", tendance à la hausse.
C'est ce jeudi que la Russie a commencé des manœuvres communes avec le Bélarus. Elles doivent durer dix jours, en Biélorussie, et les dirigeants ukrainiens les qualifient de "pression psychologique".
En réponse, l'Ukraine a annoncé elle aussi des manœuvres militaires ainsi que des patrouilles près de la frontière.
La chef de la diplomatie britannique se trouve actuellement à Moscou. Le Premier ministre Boris Johnson dit vouloir privilégier le dialogue mais il a déjà fait savoir qu'un millier de soldats britanniques étaient "prêts" à se rendre en Pologne si les soldats russes ne se retiraient pas.
Réponse de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, qui rejette toute idée d'ultimatum :
"Nous nous demandons si ce ne seraient pas les Anglo-Saxons qui prépareraient quelque chose puisqu'ils évacuent leurs employés (des ambassades ukrainiennes)."
>>> Lire aussi : Ukraine : la Russie cherche des alliés au Conseil de sécurité des Nations Unies
Le Danemark vient quant à lui d'accepter le déploiement de soldats américains sur son territoire. Des troupes américaines stationnées en Allemagne vont être transférées en Roumanie, autre pays voisin de l'Ukraine, tandis que le chef de l'Otan estime que la situation actuelle constitue le moment le plus "dangereux " pour la sécurité de l'Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Inquiétudes de la population dans l'Est de l'Ukraine
En dépit des propos qui se veulent rassurant de la part de nombreux dirigeants,)) dans l'est du pays, la population ukrainienne se prépare au pire scénario, comme le montre le témoignage de Vika, une petite fille, habitante de Krymske, un village situé dans l'est de l'Ukraine, près de la frontière avec la Russie :
"A une petite fille de mon âge qui vit en Grande-Bretagne, je lui expliquerais la situation de cette façon : tu vis ici, tu survis. Quand ils ne tirent pas, ça va bien. Mais quand ils commencent à tirer, tu as peur, tu cours te cacher."
Le 15 férvier, Olaf Scholz doit rencontrer Vladimir Poutine pour la première fois depuis son élection à la chancellerie allemande.