RDC-Rwanda : le conflit vu de l'extérieur
15 juin 2022Mardi, le gouvernement congolais a haussé le ton en condamnant dans un communiqué," la participation des autorités rwandaises dans le soutien, le financement et l'armement" de cette rébellion et promettant de défendre chaque centimètre de son territoire.
Rébellion vaincue en 2013 par Kinshasa, le M23 a repris les armes fin 2021, en reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants. Les combats se sont intensifiés ces dernières semaines et Kinshasa a clairement accusé Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda dément.
Pour l’analyste allemand Gerd Hankel, qui était dans les Kivus en 2013, cette situation n’a rien de nouveau. "Déjà en 2012, 2013, il y avait des preuves. J’ai eu à m’entretenir au téléphone avec des soldats rwandais qui étaient au front. Pour eux, cela ne faisait aucun doute que le Rwanda était impliqué dans cette guerre. Le Rwanda soutient personnellement, logistiquement et matériellement le M23 en RDC. Si les bailleurs de fond disaient : Monsieur Kagamé, arrêtez toute sorte de soutien aux criminels du M23 ou bien on va vous couper toute aide financière, d’ici 24h, tout ceci serait fini, " explique-t-il à la Deutsche Welle.
Consolider la paix oui, mais comment ?
Les différents acteurs internationaux qui travaillent dans la région se disent préoccupés par l’allure que prend la crise entre les deux pays. Cependant, souligne Jakob Kerstan, représentant en RDC de la Fondation Konrad Adenauer, il faut continuer à soutenir les efforts de recherche et de consolidation de la paix. "Au niveau de la fondation Konrad Adenauer, nous restons convaincus que le dialogue que promettent les chefs d’Etat de la région reste une des pistes privilégiées pour la paix. Les jeunes de la région doivent prendre conscience de leur rôle dans ce processus et s’y mettre rapidement," souligne M. Kerstan.
Parmi les acteurs présents sur le terrain, on compte aussi la Monusco, la mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC. Cette dernière réitère son appel à la cessation des hostilités dans l’est de la RDC. Elle invite les différents acteurs à la compassion pour que cessent les massacres des civils et demande aux groupes armés de donner une chance à la main qui leur est tendue par les présidents congolais et kényan, à travers le processus de Nairobi.
La porte-parole adjointe de la Monusco, Ndeye Khady Lo, rappelle que les casques bleus vont continuer à appuyer l’armée congolaise. "La Monusco apporte aux forces armées de la République démocratique du Congo un soutien constant et global qui prend plusieurs formes : les renseignements, la logistique avec du ravitaillement et du soutien santé. Ce soutien aux forces armées de la République démocratique du Congo contre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC est multiforme. Nos casques bleus sont disposés à continuer cet appui conformément à leurs mandats," rappelle la porte parole adjointe de la Monusco.
A quand le retour de la paix ?
Depuis fin mai, des rassemblements sont organisés en RDC pour réclamer le départ de l'ambassadeur du Rwanda, Vincent Karega, qui avait été récemment convoqué pour recevoir une mise en garde des autorités congolaises. Dès le 28 mai, Kinshasa avait aussi annoncé la suspension des vols de la compagnie RwandAir sur son territoire pour protester contre le soutien présumé de Kigali au M23. Mais jusqu'à présent, les autorités de Kinshasa ont aussi réitéré leur volonté d'entretenir des relations apaisées avec leur voisin.