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A Béni, pas de gardes de nuit dans les hôpitaux éloignés

Pascal Mapenzi
23 mai 2024

Malgré la fin de la grève des infirmiers et médecins, les activités sanitaires sont toujours perturbées dans les centres non urbains.

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Photo de l'hôpital général de Béni dans l'est de la RDC
Les conflits entre la FARDC et les groupes rebelles perturbent souvent le travail dans les hôpitaux à BéniImage : Alain Uaykani/Xinhua/IMAGO

La déception était grande devant cet hôpital situé au centre d’Oicha où des femmes étaient venues avec leurs enfants malades, mais les portes de l’hôpital sont restées fermées. 

"Mon enfant a des diarrhées et des vomissements, je l’ai amené à l’hôpital, croyant qu’il sera soigné ici. Il faut que les infirmiers aient pitié de nous". "J’ai été très étonnée en arrivant ici. Mon enfant a la malaria, il faut qu’il soit soigné. Chers infirmiers, revenez à l’hôpital, aidez-nous !" "Je suis venue à la consultation prénatale, mais c’est fermé ! Le médecin m’avait demandé de venir aujourd’hui parce que ma grossesse présentait des risques. Je n’ai plus de stock de médicaments à la maison."

Jonas Kakule est l’un des infirmiers qui travaillent dans des zones non protégées. En 2015, il a survécu à une attaque rebelle contre son hôpital. Un collègue infirmier et au moins dix malades ont été tués au cours de cette attaque.

"Nous vivons dans un stress permanent ici. Les malades et les infirmiers, nous sommes tous exposés. En 2015, les rebelles nous ont attaqué, ils ont tué les malades, ils ont brûlé l’hôpital, l’un de nous aussi a été tué. Cela est déjà gravé dans nos têtes. Voilà pourquoi, quand il y a des alertes ou des rumeurs sur une attaque rebelle autour de nous, l’hôpital se vide. Il y a même des malades qui fuient sans payer les factures de soin. C’est vraiment un sacrifice que nous faisons ici."

Ecoutez le reportage de Pascal Muhindo Mapenzi

Les médecins et infirmiers des établissements publics et privés ont entamé un mouvement de grève à Beni depuis lundi (20.05.24). Selon Godefroid Kombi, président du syndicat des médecins à Beni, ce mouvement social est la conséquence des attaques qu’ils subissent.

"Il y a eu un constat général : nous avons compté 14 structures sanitaires déjà incendiées, 43 structures pillées, 14 structures déjà fermées, 12 prestataires de santé tués, 4 enlevés. Ça c’est le tableau sombre et ce sont des événements comme ça qui nous ont poussés à la grève pour pleurer les nôtres. Il n’y aura pas d’expédition de rapports à la hiérarchie jusqu’au rétablissement de la sécurité. Il n’y aura pas de service de garde de nuit, toutes les structures sanitaires qui sont dans des zones périphériques doivent observer un service minimum. Nous demandons à nos collègues qui sont dans des structures en zone rouge de ne pas s’exposer."

En plus de la sécurité, les médecins et infirmiers de Beni réclament l’indemnisation des familles des agents de santé tués et la reconstruction des structures sanitaires incendiées lors des attaques. 

L’armée congolaise attribue ces fréquentes attaques contre les hôpitaux à l’ADF, une rébellion d’origine ougandaise. Pour l'armée, la raison de ces attaques tient au fait que l’ADF cherche à se ravitailler en médicaments.