RDC : Minova, une ville menacée par le M23

"Nous sommes en train de fuir les combats entre le M23et les FARDC. Je suis veuve, avec des enfants, et nous sommes en train de souffrir."

Il y a deux ans, Léonie, 50 ans, et ses huit enfants, prenaient la fuite devant l’avancée du M23. 

"Nous sommes partis de Rutshuru il y a deux ans. Mon mari est mort là-bas, et depuis je reste avec les enfants. Nous avons fui vers Saké, avant que l’on se retrouve à Shasha et aujourd’hui ici", explique la dame.

Une fuite sans fin pour elle, ainsi que pour les 250 ménages qui vivent dans et autour de l’église du 8e CEPAC, en plein cœur de Minova. 

Lorsque les premières vagues de déplacés se sont déversées dans la cité portuaire, certains d’entre eux ont été accueillis par le révérend de cette communauté. Ce fut le cas de Nzari Nuyomugabo, 31 ans, arrivé à Minova le 3 février avec sa femme et six enfants. 

"Il nous a approchés. Et après cela, il nous a montré où faire nos besoins. Mais les partenaires n’ont pas pu élargir l’espace pour mettre des douches, etc."

Et Nzari, comme sa famille, ne se sentent définitivement pas chez eux. 

"Le jour du dimanche, nous devons sortir les biens que nous avons amenés pour que les gens puissent venir assister à la messe."

Depuis février, près de 302.000 personnes ont trouvé refuge dans le territoire. L’aide humanitaire au sein de Minova est quasiment inexistante.

Les ONG ont fui les lieux en raison de l’insécurité. Le jour de notre visite, le Programme alimentaire mondial était en pleine distribution de 2.000 tonnes de vivres. Mais, comme l’explique le chef de groupement, Justin Kamanda, les nouvelles arrivées sont quotidiennes. 

"Il y a récemment eu une nouvelle vague qui fait que des nouvelles personnes se sont ajoutées aux statistiques existantes. On nous a dit que 1.327 ménages étaient arrivés dans des sites, mais il faut également prendre en compte les personnes en famille d’accueil", dit Justin Kamanda.

Mais, Minova étant directement menacée par les rebelles du M23, de nouvelles personnes ont décidé de fuir et de se diriger vers Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.