La Monusco et l'armée congolaise renforcent leur coopération
8 décembre 2021Le document intitulé "Directives des opérations conjointes" a été signé ce mardi (07.12.2021) au siège de l'armée congolaise à Kinshasa.
Le porte-parole de la Monusco (la mission de l'Onu au Congo), que nous avons joint, estime qu'il s'agit d'un simple document de procédure, un guide pour une meilleure coordination des opérations militaires dans l'est du pays.
Une coordination dit-il, qu'il fallait tout de même revoir avec l'entrée en jeu de l'armée ougandaise engagée depuis quelques jours, dans l'est du pays, pour traquer les rebelles de l'ADF.
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Meilleure coordination
Le coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST) Pierre Boisselet qui connait bien le dossier explique ces modifications :
"Ce n'est pas le premier accord de ce type qui est signé. Ils signent ce type d'accord avant chaque opération conjointe. Il y avait eu déjà un certain nombre d'opérations conjointes. Le mandat de la Monusco ne l'autorise pas à mener des opérations conjointes avec des armées étrangères. Il y a des discussions afin de mieux se coordonner sur les opérations que l'armée ougandaise va mener afin que les casques bleus ne soient pas en danger", explique Pierre Boisselet.
La semaine dernière déjà, le commandant de la Monusco était à Kampala pour discuter des modalités pratiques de la coordination entre les casques bleus, l'armée congolaise et l'armée ougandaise.
Selon la Cheffe de la Monusco, Bintou Keita, le commandant de la Monusco était le 2 décembre dernier, à Kampala en Ouganda, pour définir avec les autorités ougandaises, les modalités pratiques de la coordination entre les casques bleus, l'armée congolaise et l'armée ougandaise.
Ce mercredi (08.12.2021), les ministres congolais et ougandais de la Défense se sont retrouvés à Bunia, en Ituri, pour évoquer la "mutualisation" et l'"harmonisation" des opérations lancées le 30 novembre dans l'est de la RDC contre les rebelles ADF.
"Nous sommes ici en frères", a déclaré à la presse le ministre ougandais, Vincent Bamulangaki. "Vous savez, a-t-il ajouté, nous faisons face au même ennemi" et "on ne peut pas rester sans rien faire quand vos frères ont des problèmes". "Nous sommes ici pour renforcer la coopération", a-t-il précisé.
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Usage de la force
Si le porte-parole de la Monusco parle d'un simple guide, en revanche du côté de l'armée congolaise, la directive des opérations conjointes recommande "l'application stricte de la force" contre les groupes armés.
Pour le général Célestin Mbala, chef d'état-major des Forces armées de la RDC (FARDC) il s'agit désormais de faire usage du "chapitre 7 des Nations unies" qui autorise l'utilisation de la force afin d'assurer le maintien de la paix.
Une paix espérée depuis des années dans l'est du pays. Pour Guillaume Bonga, vice-président de de l'Alliance Kivu, une ONG de Bukavu, "la Monusco est en RDC depuis plus de vingt ans. Ce que nous voulons, c'est la paix. Et si la mutualisation de ces forces peut nous ramener la paix, ce serait une bonne chose."
État de siège
Une paix promise déjà avec l'instauration de l'état de siège depuis sept mois, dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Mais, cela n'a pas permis de faire reculer la violence selon Pierre Boisselet, coordonnateur du Baromètre de la sécurité au Kivu. Les attaques dit-il, se sont multipliées.
"Les massacres ont continué à être très nombreux malgré l'instauration de l'état de siège. Le fait que le gouvernement congolais autorise l'armée ougandaise à intervenir sur le territoire congolais, est un aveu que cet état de siège n'a pas eu l'efficacité attendue", dit l'expert.
Selon le Baromètre sécuritaire du Kivu, ce sont au moins 1.546 civils qui ont été tués par des groupes armés dans trois provinces de l'est de la RDC, depuis mai 2021
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