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RDC : Privé de terre en raison de l'exploitation minière

Paul Lorgerie
12 septembre 2023

Dans un rapport, Amnesty international insiste sur le fait que l'extraction des minerais dans le sud-est de la RDC ne doit pas se faire en privant les populations de leurs terres.

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Extraction de minerais sur un site d'exploitation
En RDC l'extraction des minerais pousse de nombreux Congolais à céder leurs terresImage : Ute Schaeffer

Ce qui aurait pu être un don du ciel pour Edmond Munsens l'a en réalité mené à sa perte, ou presque. Il y a encore quelques années, l'homme âgé de 62 ans vivait dans le quartier de la cité Gécamines, du nom de la mine dans laquelle il travaillait dans la capitale du cobalt, Kolwezi

Jusqu'à ce que celle-ci soit rachetée, en 2015, par une société chinoise qui a désiré étendre ses activités et a donc exigé leur départ.

" Un jour, ils sont venus en nous donnant un délai de trois mois et une rémunération. Et si l'on dépassait ce délai, ils allaient diviser cette rémunération par deux" raconte-t-il à la DW.

Depuis, Edmond a perdu sa maison, qu'il avait mis des années à construire. Il s'est installé à une vingtaine de kilomètres de la ville et sa dernière fille ne va plus à l'école.  

Edmond explique qu'il n'arrive plus à payer le transport aller-retour de sa fille pour l'école. Cette dernière lui a donc dit qu'il fallait "attendre que les jours soient meilleurs pour retourner étudier".

Plus de terre à cultiver

Elysée Illunga a de son côté eu moins de chance. Alors qu'elle cultivait son champ légué par ses parents, des militaires congolais sont un jour venus sans prévenir, privant 144 cultivateurs de leurs terres.  

"On était parti dans le champ pour chercher de quoi manger. Ils nous ont dit de quitter le terrain. Il vient d'être acheté par l'entreprise Metalkol" se souvient la cultivatrice. 

"Une forme de précarité s'est installée"

En République démocratique du Congo, le code minier de 2018 n'interdit pas le déplacement de populations pour l'agrandissement de certaines mines si et seulement si les personnes sont relogées dans des conditions égales, voire meilleures à celles dans lesquelles elles vivaient auparavant.

Ce qui est loin d'être le cas, regrette Donat Kambola, directeur de l'association Initiative pour la bonne gouvernance et les droits de l'Homme à Kolwezi.  

Il explique que : "Dans les nouveaux quartiers, il y a de nouvelles difficultés. L'accessibilité est difficile car il n'y a pas suffisamment de routes. Pour les enfants, cela devient compliqué car ils doivent se rendre dans le centre-ville et assumer les coûts du transport. Les soins médicaux n'en parlons pas… Tout cela pour dire qu'une forme de précarité s'est installée dans leur vie plutôt que l'amélioration de leur train de vie."

Près de 500 familles ont à ce jour été expulsées de leurs foyers à Kolwezi et, avec l'augmentation de la demande en cobalt et en cuivre, la ville d'un million d'habitants pourrait un jour disparaître, engloutie par les mines.