Des ONG réitèrent leurs accusations contre la Gécamines
30 novembre 2018Le président du Conseil d’administration de l'entreprise minière publique de la RDC, a menacé d'attaquer en justice ceux qui dénoncent des détournements de fonds.
Il s’agit d’une somme colossale. Les dirigeants de la Gécamines sont accusés par des ONG d’avoir détourné ou géré dans l’opacité 750 millions de dollars. Malgré les menaces des dirigeants de la société minière, les ONG réitèrent leurs accusations.
"C’est seulement le dixième de l’iceberg qui a été dénoncé. La gestion de la Gécamines est beaucoup plus grave, plus catastrophique que ce qui apparait. Donc nous le confirmons, le détournement va au-delà du milliard. Il y a des chiffres qui n’apparaissent pas. Ils ont ouvert des comptes dans des paradis fiscaux, les argents de la Gécamines vont sur l'île Maurice. Et c’est de là qu’ils utilisent cet argent", a délaré Jean-Pierre Muteba, le président de la Nouvelle dynamique syndicale à Lubumbashi.
Pourtant, dans son rapport présenté mercredi dernier, le président du Conseil d’administration de la Gécamines, Albert Yuma, a indiqué que les états financiers de la société sont contrôlés annuellement par des auditeurs externes internationaux, mais aussi examinés par l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives.
Gestion hasardeuse, une tradition à la Gécamines
Mais personne n’a oublié la gestion hasardeuse et la gabegie qui ont marqué l’histoire du groupe minier. L’activiste et entrepreneur Alain Mwambenu s’en souvient.
"Est-ce que pouvez imaginer que dans la période Gecamines, (moi je suis un enfant Gecamines), je ne savais pas qu’on payait des frais de scolarité. Je fréquentais gratuitement, on ne payait pas les frais médicaux, tout était gratuit. A la fin du mois, vous aviez un véhicule qui vous amène le savon, même le papier hygiénique. On les recevait de la Gécamines", s’est rappelé Alain Mwambenu. Son père avait travaillé à la Gécamines.
Les dirigeants de l'époque ont profité des excès du système. Beaucoup d'argent a ainsi disparu. Ce qui a fait effondrer l'actif de la société. Aujourd'hui, la gestion de la plus grande entreprise minière publique du pays reste toujours sujette à caution.
"J’accuse le système. Quand on dit que les membres du corps posent problème, c’est que la tête ne fonctionne pas correctement. J’accuse la tête qui doit faire fonctionner le corps", a accusé Alain Mwambenu.
Au fil des dernières décennies, les bénéfices du groupe minier se sont effondrés sans que cesse la prédation des élites du pays sur ce trésor que certains pensait inépuisable.
Les dernières années, la Gécamines s’est contentée de partenariats souvent opaques avec des sociétés qualifiés de « peu scrupuleuses » par des ONG.