Présidentielle en Côte d’Ivoire : quatre candidats en lice
15 septembre 2020Sur les 44 dossiers de candidature, seuls quatre ont été retenus par les sages de la plus haute juridiction en matière constitutionnelle. Il s’agit de Pascal Affi N’Guessan du Front populaire ivoirien (FPI), Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Kouadio Konan Bertin dit KKB (indépendant) et le président sortant, Alassane Ouattara du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
"Le conseil constitutionnel a fait un travail excellent. Ils ont argumenté, ils ont expliqué pourquoi certains candidats n’ont pas été retenus. Ils ont aussi expliqué pourquoi la liste définitive comporte quatre candidats. Je pense que maintenant le vin est tiré, il faut le boire", se réjouit Joël N'guessan, ancien ministre et membre du Conseil politique du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Des poids lourds, absents
Au nombre des candidatures rejetées se trouvent celles de l’ex-président Laurent Gbagbo, l’ancien premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, Mamadou Koulibaly, lui aussi ancien président de l’Assemblée nationale, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon Tanoh qui était jusqu’à récemment très proche du président Alassane Ouattara ou Abdallah Toikeusse Mabri. La validation de la candidature de l’actuel président Alassane Ouattara pour un troisième mandat a surpris l’opposition.
"Non, Non et non pour cette grave violation de notre Constitution. Le président Alassane Ouattara n’a pas droit à un troisième mandat. Le Conseil constitutionnel par cet acte vient d’être pris en flagrant délit grave de violation de notre Constitution" , s’indigne Marie Noëlle Oullé du PDCI de Henri Konan Bédié.
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Réagissant à la validation de la candidature du président Alassane Ouattara, Guillaume Soro a estimé qu’espérer autre chose de ce Conseil constitutionnel, "c’était attendre le père Noël au mois d’Avril".
Pour sa part, l’universitaire Arthur Banga estime que ceux qui s’attendaient à l’invalidation de la candidature d’Alassane Ouattara faisaient un rêve.
Selon lui, "chacun a son interprétation de la loi. Sauf que c’est l’interprétation du Conseil constitutionnel qui est valide. Je voyais très mal comment le Conseil constitutionnel pourrait invalider la candidature de Alassane Ouattara le président sortant".
Abidjan, la capitale économique qui a connu dans la matinée d’hier des manifestations contre le troisième mandat du président Alassane Ouattara était calme, après la décision du Conseil constitutionnel. Les rues étaient désertes. Seules des forces de l’ordre postées à des endroits névralgiques de la ville étaient visibles.
Requêtes rejetées
Le Conseil constitutionnel n'a pas donné suite aux requêtes de plusieurs opposants qui estimaient que le président sortant, Alassane Ouattara ne pouvait briguer un troisième mandat. Car selon eux, la Constitution limitait le nombre de mandats à deux.
Aussi, le Conseil a-t-il estimé que le changement de la Constitution intervenu en 2016 n'était pas une "révision". Par conséquent, "la question de la possibilité ou non, pour le président de la République sortant de briguer un nouveau mandat doit s'analyser à l'aune de l'adoption d'une nouvelle Constitution".
Le Conseil constitutionnel a aussi cité le leader de l’une des ailes du FPI, Pascal Affi N'Guessan, auteur d'une des requêtes, rappelant ses anciennes déclarations critiquant la nouvelle Constitution : "Rien dans la nouvelle Constitution n'empêche le président Ouattara d'être candidat à sa propre succession à l'élection présidentielle du 31 octobre 2020".
Les sages de la Cour ont en dernier ressort, décidé de rejeter les candidatures de Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, qui ont tous les deux été condamnés par la justice ivoirienne.
Silence de Laurent Gbagbo
L’ancien président Laurent Gbagbo, âgé de 75 ans, toujours en liberté conditionnelle en Belgique dans l'attente d'un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), ne s'est encore jamais prononcé publiquement sur sa candidature. Il a été acquitté en première instance, en janvier 2019 des accusations de crimes contre l'humanité.
Il est également sous le coup d'une condamnation en janvier 2018 à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour l'affaire dite du "braquage de la BCEAO", la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest, lors de la crise de 2010-2011.