La nouvelle commission électorale contestée en Côte d'Ivoire
13 janvier 2020En Côte d'Ivoire, les 15 membres composant la nouvelle commission électorale indépendante qui auront en charge d'organiser la présidentielle d'octobre prochain ont été nommés sans la participation de l'opposition significative.
Depuis le 9 janvier dernier, pouvoir et opposition ont promis de se retrouver pour la réforme du code électoral.
L'opposition acceptera-t-elle d'aller à l'élection présidentielle d'octobre avec comme chef d'orchestre la CEI qu'elle conteste ?
De grands absents
Cette commission électorale indépendante (CEI) a été mise en place sans les poids lourds de l'opposition ivoirienne, que sont l'autre tendance du FPI, présidée par l'ancien président Laurent Gbagbo et le PDCI d'Henri Konan Bédié.
Ces deux formations politiques avaient boycotté les discussions parce qu'elles dénonçaient un dialogue biaisé et une Commission déséquilibrée aux mains du parti au pouvoir. Revenue à la table des négociations, ces partis de l'opposition disent récuser cette Commission et entendent tout mettre en œuvre pour sa nouvelle recomposition avant le scrutin présidentiel d'octobre prochain.
Maurice Kakou Guikahué secrétaire exécutif du PDCI, ne mâche pas ses mots ; il dit "récuser" la CEI et ne comprend pas les propos du chef du gouvernement :
"Nous disons que nous récusons la CEI et le Premier ministre a dit on va discuter des sujets relatifs à l'organisation des élections. Mais pour organiser les élections, ce n'est pas seulement le code [électoral]. Le code là, c'est un papier, il est sur la table. Qui actionne le code ? C'est la CEI. Donc dans code-là il y a la CEI. Donc on va tourner, on va revenir à la CEI. D'ici à octobre 2020, il y a encore un peu de temps, on va tout faire pour aller aux élections... mais la CEI ne peut pas travailler dans l'état actuel.''
Affi N'Guessan siègera prudemment
Pascal Affi N'Guessan, président d'une des branches du FPI, qui a refusé la politique de la chaise vide et qui a accepté de siéger dans cette nouvelle Commission, reproche au parti présidentiel, le RHDP, d'avoir la main mise sur cette instance. Avant d'ajouter que dans sa composition actuelle, la Commission ne peut pas garantir des élections transparentes.
"Le RHDP est ultra dominateur avec plus de 96% des présidences des commissions locales, plus de 96% des secrétariats des commissions locales à travers l'administration et même dans un tiers des commissions locales, le RHDP est seul avec la présidence. C'est une situation qui ne peut pas concourir à la transparence des élections, qui ne peut pas concourir à faire de cette CEI impartiale, équilibrée. Donc c'est une question qui supplémentaire qui vient s'ajouter à celle du code électoral."
Pour le RHDP, le processus pour l'échéance électorale d'octobre prochain est irréversible. Selon Adama Bictogo, directeur exécutif du parti, cette Commission électorale est déjà entrain de travailler et le dialogue en cours ne concerne que le code électoral.
"La commission électorale a pris forme. Les différentes commissions électorales ont pris forme. Ces commissions électorales locales étaient le fait des partis politiques parce qu'ils y'a eu des élections. Pour le moment, nous savons que, il y' a des discussions qui vont s'engager autour du code électoral.''
A un peu plus de neuf mois de la présidentielle d'octobre, le chantier électoral est encore vaste.
Le président Alassane Ouattara a annoncé une modification prochaine de la Constitution, l'établissement des cartes nationales d'identité, l'enrôlement des nouveaux majeurs, la révision de la liste électorale et le découpage électoral.