Pourquoi Vladimir Poutine est (quasi) sûr d'être réélu
12 mars 2018Dimanche prochain, les Russes élisent leur président. Il y a fort à parier que Vladimir Poutine sera réélu pour un quatrième mandat, le 18 mars. Le chef de l’Etat sortant caracole en tête des sondages, à plus de 70% d’opinions favorables. Cela dit, un nouveau succès de Vladimir Poutine dans les urnes aurait des accès de victoire à la Pyrrhus, faute de candidat consistant face à lui.
La carte militaire
Le directeur de l’Institut de sondage Levada analysait au mois de décembre déjà que l’engouement pour Vladimir Poutine était dû à trois choses principalement : le soutien actif à sa politique militaro-patriotique, les illusions persistantes de l’électorat et le manque d’alternative.
Le troisième mandat de Vladimir Poutine a été marqué par l’annexion de la Crimée, très populaire, en 2014, mais celle-ci lui a valu de se faire des ennemis en Occident. Depuis, la rhétorique guerrière est la norme.
Le revenu moyen des ménages a chuté de 1,7% en 2017 pour la quatrième année consécutive, en dépit d’une reprise de l’économie nationale. Les dépenses militaires ont été faites au détriment de l’Education ou de la Santé.
En intervenant dans la guerre en Syrie, Vladimir Poutine escomptait replacer la Russie parmi les grands acteurs aux Proche- et Moyen-Orient. D’ailleurs sa campagne a été axée sur la politique étrangère et le président a déclaré devant les caméras du documentaire "Ordre mondial 2018": "En tant que citoyen et chef de l’Etat russe, je pose la question : à quoi bon un monde sans Russie ?"
Sept candidats face à Vladimir Poutine
Des chefs de partis routiniers du fait comme l’extrémiste de droite Vladimir Jirinovski ou le libéral Grigori Iavinski au centre.
Mais aussi de nouveaux visages, notamment Pavel Groudinine du côté du parti communiste, un élu local qui revendique son admiration pour Staline.
La seule femme candidate est une jeune présentatrice télé, Ksenia Sobtchak, qui joue la carte de l’antisystème. Même si son père était maire de Saint-Petersbourg et que son adjoint dans les années 1990 … s’appelait Vladimir Poutine.
Mais le grand opposant reste Alexeï Navalny, interdit de se présenter et qui appelle au boycott. Alexeï Navalny martèle croire "que les gens ont fondamentalement le droit de se rebeller contre la tyrannie. Mais ce qui se passe en ce moment sont des actions absolument pacifiques. Les manifestants sont beaucoup plus pacifiques que le pouvoir qui envoie l’armée à chaque manifestation."
Risques de contestation
Après sa victoire en 2012, Vladimir Poutine avait restreint le droit de réunion et la liberté d’expression. Sa police rapprochée est prête à intervenir à la moindre incartade, comme en Ukraine en 2014.
En signe de renouveau, le président russe a cette fois remplacé le responsable du scrutin, accusé la fois passée de fraude électorale.
Le Kremlin ne lésine pas sur les moyens pour attirer les électeurs. Afin d’éviter un taux de participation trop bas, les publicités électorales s’invitent jusque sur les bouteilles de lait et des examens de dépistage du cancer sont proposés dans les bureaux de vote.
Certains observateurs craignent que la situation ne dérape en cas de protestations après les élections ou, au plus tard, après la Coupe du monde de football au mois de juillet.