L'opposant ougandais Bobi Wine est sorti de l'hôpital
4 septembre 2024En Ouganda, la police a annoncé l'ouverture d'une enquête pour, dit-elle, "clarifier les faits" après un incident qui a conduit l'opposant Bobi Wine à l'hôpital. Alors que des forces de l'ordre ont affirmé que l'opposant s'est blessé après avoir trébuché en montant dans son véhicule, son parti assure qu'il a été touché par un "tir de la police". Selon son avocat, il s'agit en fait d'un tir de grenade lacrymogène qui a blessé Bobi Wine. Celui-ci a été opéré pour retirer des fragments dans sa jambe et a quitté l'hôpital, selon le maire de la capitale Kampala.
Déterminé, en dépit de la répression
Intimidation, arrestation, assignation à domicile... Etre opposant en Ouganda rime souvent avec répression. L'ancien chanteur, aujourd'hui âgé de 42 ans, Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, peut en témoigner. Il est en effet devenu, au fil du temps, le visage de l'opposition au régime du président Yoweri Museveni.
Ces dernières années, l'opposant, qui était le principal rival de Yoweri Museveni à la présidentielle de 2021, a en effet été arrêté ou assigné à résidence à de multiples reprises.
Les rassemblements de ses partisans sont régulièrement dispersés. Dans certains cas, les forces de l'ordre n'hésitent pas à faire usage de la force. Ce qui ne semble pas entamer la détermination de Bobi Wine qui ne manque aucune occasion pour l'exprimer.
"Je suis né libre et je suis libre (...) Nous sommes libres et nous nous opposerons à tout ce qui tente de nous priver de notre liberté", avait-il par exemple assuré lors de l'un de ses meetings.
Une relation rompue entre l'opposition et le pouvoir
En Ouganda, il n'y a pas que Bobi Wine qui subisse la répression du pouvoir. En juillet, un impressionnant dispositif de sécurité avait été déployé à Kampala, où des mouvements de la jeunesse avaient appelé à manifester contre la corruption.
Le mouvement avait pris forme sur les réseaux sociaux autour du hashtag StopCorruption et s'est soldé par des interpellations et des inculpations.
Toujours au cours de cette année, la justice a inculpé 36 partisans de l'opposition d'infractions liées au terrorisme après leur expulsion du Kenya.
Selon leurs avocats, les membres du groupe, affiliés à l'un des principaux partis d'opposition ougandais, à savoir le Forum pour le changement démocratique, se sont rendus au Kenya pour une rencontre visant à améliorer les compétences des jeunes dirigeants.
Les opposants, mais aussi les défenseurs des droits de l'Homme, se mobilisent souvent pour dénoncer le gouvernement du président Yoweri Museveni qui, selon eux, utilise de fausses accusations pour les réprimer, ce que nient les autorités.
Pour Adolf Mbaine de l'université de Makerere "les relations entre le président Museveni et l'opposition politique sont rompues depuis de nombreuses années". Selon l'universitaire et analyste politique "le président ne veut pas d'une opposition forte et des menaces que cela fait peser sur son maintien au pouvoir".
Un pouvoir que Yoweri Museveni détient depuis 1986 dans un pays dont la jeunesse n'hésite plus à exprimer son désir de changement malgré la répression.