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La jeunesse ougandaise défie le pouvoir de Museveni

Georges Ibrahim Tounkara | Avec agences
24 juillet 2024

Un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé à Kampala où des mouvements de la jeunesse avaient appelé à manifester contre la corruption.

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Yoweri Museveni le 26 juillet 2022 à Kampala
La gestion du pouvoir Museveni est dénoncée par une partie de la jeunesse ougandaiseImage : SNA/IMAGO

Le mouvement de contestation, organisé hors de tout cadre politique, a pris forme sur les réseaux sociaux autour du hashtag #StopCorruption.

Les organisateurs de ces manifestations, inspirées par le soulèvement de la jeunesse au Kenya, entendaient ce mardi (23.07.2024), marcher en direction du Parlement, dont les alentours avaient été bouclés par les forces de l'ordre.

Plusieurs figures du mouvement auraient été arrêtées. Il s'agirait de George Victor Otieno, Kennedy Ndyamuhaki et Praise Aloikin Opoloje. Ils auraient été déférés et inculpés, tout comme Faiza Salima, une présentatrice de radio-télévision, un influenceur et un médecin, a déclaré l'avocat Ashraf Kwezi à l'AFP.

Les trois derniers auraient été "inculpés d'un délit léger de nuisance et de désordre" mais "ils ont rejeté ces accusations". Ils doivent rester en détention jusqu'au 30 juillet, a précisé Me Kwezi.

Les forces de sécurité ce mardi 23 juillet à Kampala
Kampala était sous haute surveillance ce mardi 23 juillet 2024Image : Badru Katumba/AFP/Getty Images

Selon le président de l'Uganda Law Society Bernard Oundo, 50 personnes ont été inculpées devant un tribunal de Kampala et comparaîtront de nouveau entre le 30 juillet et le 8 août prochains. 

Cinq autres ont été inculpées par un tribunal distinct de la capitale, selon leur avocate Patience Muwanguzi qui a dénoncé "un procès précipité" et des incarcérations sans possibilité de libération sous caution.

Soif de changement

Comment comprendre cette contestation naissante en Ouganda ? Simon Pascal Alain Handy est analyste politique et ancien responsable des affaires politiques aux Nations unies. Pour lui, il est indéniable que les jeunes Ougandais ont une soif de changement et "la longue durée au pouvoir de Museveni ouvre la voie à des contestations et il est clair que  la question de l'alternance se pose avec acuité."

L'analyse de Simon Pascal Alain Handy

Lundi dernier, les autorités ougandaises ont fait arrêter au siège de la Plateforme d'unité nationale (NUP, le principal parti d'opposition) de l'ancien candidat à la présidentielle de 2021, Bobi Wine, trois députés de ce parti.

Bobi Wine a apporté son soutien au mouvement #StopCorruption. "Salut à tous ceux qui ont courageusement marché et marchent encore contre la corruption et la mauvaise gestion, même face aux actions très brutales de l'armée et de la police !" a-t-il posté sur X.

L'Ouganda, pays très corrompu

Selon l'ONG Transparency International, l'Ouganda, un pays pauvre et enclavé de la région des Grands lacs, pointe au 141e rang sur 180 en matière de corruption.

Fin mai, les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre cinq haut responsables ougandais dont la présidente du Parlement, Anita Among, en raison d'accusations de corruption ou de violation des droits humains. Kampala avait critiqué cette décision, appelant au respect de sa "souveraineté" et de sa "justice".
Le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d'Afrique de l'Est d'une main de fer depuis 1986, avait lancé une mise en garde samedi et prévenu les manifestants qu'ils "jouaient avec le feu".

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle