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Nourredine Adam, chef rebelle centrafricain visé par la CPI

29 juillet 2022

La CPI a lancé un mandat d’arrêt contre le chef rebelle centrafricain Noureddine Adam. Il est suspecté de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.

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Noureddine Adam, ancien chef de guerre en Centrafrique visé par la CPI
Noureddine Adam est soupçonné d'avoir autorisé les tortures et prison après la chute de François Bozizé Image : ALEXIS HUGUET/AFP/Getty Images

On savait Nourredine Adam dans le viseur de la justice internationale. Et la confirmation est venue ce jeudi (28.07) à travers un mandat d'arrêt lancé par la Cour pénale internationale.

Noureddine Adam est accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre alors qu'il dirigeait la Séléka, un groupe rebelle qui a renversé le président François Bozizé en 2013.

"A Human Rights Watch, nous avons documenté les crimes graves commis par la Seleka, particulièrement en 2013 et 2014. Nous avons aussi parlé avec Nourredine Adam mais il a toujours nié les crimes commis par la Séléka. La justice est lente mais tôt ou tard, Nourredine Adam pourrait se retrouver devant la CPI", explique Lewis Mudge, chercheur à Human Rights Watch.

Patrice-Edouard Ngaissona de la milice anti-balaka dans les locaux de la CPI
Patrice-Edouard Ngaissona de la milice anti-balaka, est actuellement jugé à la CPI Image : Koen Van Weel/REUTERS

"Des crimes graves ont été commis"

Parmi les autres réactions à ce mandat d'arrêt international, il y a celle de l’ancien Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé sur la DW. Pour lui, cela prouve que nul n’est à l’abri des poursuites judiciaires.

"Des crimes graves ont été commis en 2013 et 2014 dans le pays. Les Centrafricains réclament justice parce que ce sont des êtres chers, des proches qui ont été victimes de violences sans précédent dans notre histoire. Il y a une série de mandats d’arrêt qui ont été lancés et exécutés. L’opinion nationale pense que ces arrestations et mandats se sont penchés vers un seul côté, celui des anti-balaka et que du côté de la Séléka, il n’y a pas eu de poursuites. Avec le mandat d’arrêt émis et publié contre Nourredine Adam, le message c’est que nous sommes tous égaux devant la loi", estime Martin Ziguélé.

Les réactions au mandat d'arrêt contre Nourredine Adam (la version audio)

Pour Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme, "c'est un geste fort contre l'impunité en Centrafrique qu'il faut saluer. Nous espérons que ce mandat sera exécuté et que la CPI va poursuivre les contacts avec les Etats parties au Statut de Rome pour que Nourredine soit arrêté et extradé. Mais, Nourredine Adam n'était pas seul dans son camp. Il y a d'autres criminels qui sont en liberté."

Nourredine Adam sera-t-il arrête et extradé ?

De nationalité tchadienne, Nourredine Adam se serait réfugié au Soudan, un pays qui refuse toujours de livrer son ancien président Omar el Béchir, visé également par la CPI. Difficile donc de dire si Noureddine Adam sera livré à la Cour pénale internationale.

"On peut penser que les autorités soudanaises, pour plusieurs raisons, peuvent résister au mandat contre Nourredine Adam. Parce que si elles le font pour Nourredine Adam, il faudrait qu’elles expliquent pourquoi elles ne le font pas pour Omar el Béchir. Nourredine Adam risque de bénéficier de cela pour ne pas répondre de ses actes devant la CPI. Mais, dans une sorte de deal, le régime soudanais pourrait exécuter ce mandat d’arrêt pour faire baisser la pression occidentale sur la transition", assure Martin Ziguélé.

Alfred Yekatom de la milice anti-balaka, comparaît devant la CPI depuis 2018
Alfred Yekatom de la milice anti-balaka, comparaît devant la CPI depuis 2018Image : Piroschka van de Wouw/AP Photo/picture alliance

Deux anciens chefs de guerre centrafricains, Patrice-Edouard Ngaissona et Alfred Yekatom, qui dirigeaient des milices anti-Balaka, sont jugés à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.  Le procès de Mahamat Said Abdel Kani également accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, doit s'ouvrir en septembre.

Les violences en Centrafrique commises par la Séléka et les anti-balaka auraient fait des milliers de morts, selon la CPI.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle