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Au Niger, la sécurité se dégrade dans la région de Tillabéri

Mahamadou Abdoulkarim
23 mai 2024

Tillabéri est située dans la zone des trois frontières. Les attaques des groupes terroristes y sont quasi quotidiennes avec de nombreux morts parmi les civils et les militaires.

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Les forces de défense du Niger
Deux soldats nigériens et un civil ont été tués dans une attaque menée mercredi (22.05.2024) par des jihadistes présumés, à une centaine de kilomètres à l'est de Niamey, a indiqué le ministère de la Défense. Image d'illustration/Archives.Image : AFP

Depuis quelques jours, les attaques des groupes terroristes se multiplient dans plusieurs localités de la région de Tillabéri, située dans la zone des trois frontières, entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali.

Une vingtaine de personnes ont ainsi été tuées dans une attaque en début de semaine dans un village de la région. Lundi (20.05.2024), ce sont sept militaires nigériens qui ont été tués à Boni, près de la frontière avec le Burkina Faso.

La société civile réagit

Amadou Harouna Maiga est le coordonnateur du Comité union Tillabéri. Sous le pouvoir précédent, il avait séjourné en prison pour avoir dénoncé la même situation.

"La situation est là, telle qu’on la connaissait. Il y en a qui s’amusent à dire qu’avant le 26 juillet 2023, la situation dans la région de Tillabéri était très critique, mais que ces gens-là sachent que la situation est encore critique, même pire qu’avant parce que ce que nous sommes en train de vivre, ces derniers temps, ça dépasse l’entendement".

Abass Idrissa Maiga, un acteur de la société civile de la région, estime-lui aussi que la situation est pire que par le passé.

"Il y a aujourd’hui plus d’inquiétudes qu’avant, la situation d’insécurité s’est beaucoup aggravée, malheureusement pour nous, ces derniers temps. Trop de tragédies un peu partout dans la région de Tillabéri, malheureusement encore, je le dis. La situation s’est aggravée plus que nous l'imaginions et cela nous inquiète beaucoup. Il n’y a pas une semaine où il n’y a pas de tuerie dans tel marché, où il n’y a pas de tuerie dans tel champ. La population est arrivée au stade où elle préfère mourir que de se déplacer ou de se laisser emporter son bétail".

Un soldat nigérien avec un fusil au dos.
Considérée comme un repaire de groupes jihadistes armés agissant au Mali, au Burkina Faso et au Niger, la région de Tillabéri est le théâtre depuis 2017 d'actions sanglantes de ces groupes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique. Image d'illustration/ArchivesImage : AFP

C’est le désespoir au sein de la population, selon Daouda Mounkaila, un autre natif de Tillabéri. Pour lui, le changement attendu après le coup d’Etat militaire tarde à se réaliser.

"Il y a le désespoir un peu partout et chaque jour que Dieu fait apporte son lot de désolation. Depuis l’avènement du 26 juillet, nous attendons un changement radical, malheureusement cette situation ne fait que s’empirer".

Dégradation de la situation

De nombreux Nigériens s’interrogent sur ce regain d’insécurité dans la région de Tillabéri et sur les capacités opérationnelles des terroristes qui arrivent à se regrouper et à mener des attaques dans cette zone fortement militarisée, puis à s’échapper ensuite.

"On ne peut que déplorer ce qui s’est passé à Boni et à Djambala. Pour le cas de Boni, l'alerte a pourtant été donnée parce que depuis le sabotage du camp de Petelkollé, c’est un signal fort que quelque chose se préparait contre nos FRS (forces de défense et de sécurité), mais des mesures n’ont pas été prises pour pouvoir stopper ça. C’est un camp qui est composé de plus de 300 éléments qui a été attaqué et contrôlé par les terroristes. A Djambala, c’était aussi pareil, les autorités ont été alertées qu’il y avait des bandits qui sont venus voler des troupeaux dans le village, mais aucune réaction", a expliqué Moussa Moumouni, ancien conseiller du président déchu Mohamed Bazoum sur les questions de sécurité.

Aujourd’hui, de nombreux habitants dénoncent la dégradation de la situation sécuritaire et interpellent les militaires au pouvoir, qui avaient justifié leur coup d’Etat par l’incapacité du pouvoir civil à lutter contre le terrorisme.