MSF s'inquiète pour un site de déplacés près de Goma
29 novembre 2023Depuis la reprise des combats entre les rebelles du M23 et les forces armées congolaises, dans le Masisi et le Rutshuru, environ 10.000 personnes déplacées ont rejoint les camps installés en périphérie de la ville de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo.
La majorité de ces personnes fuyant les combats ont trouvé refuge dans le site de Shabindu-Kashaka, où la vie devient synonyme d'extrême précarité. Privés de soins de santé et dépourvus de latrines, ces déplacés sont la proie des maladies. "Je suis relais communautaire depuis longtemps et je continue à l'être ici, dans le camp des déplacés", explique Dorcas Dada, à la fois déplacée et secouriste auprès de la Croix-Rouge. "Cette nouvelle vague des déplacés n'a pas de toilettes. Les gens ici défèquent n'importe où. Et faute de matériels de travail, je couvre ces excréments avec des feuilles d'arbre, que malheureusement ces populations reprennent pour se coucher dessus. Cela est très dangereux et accroît le risque de contamination. Le choléra commence à faire ravage ici. En tant que relais communautaire cela me dérange beaucoup."
Détresse grandissante
Les déplacés, porteurs de maladies chroniques, peinent à trouver des centres hospitaliers pour recevoir des soins. Cette détresse s'étend aux femmes enceintes et aux enfants.
"La gestion de cette nouvelle vague des déplacés nous semble un peu difficile" alerte Benjamin Baraka Kasau, membre du comité directeur du camp des déplacés. "Le problème majeur, c'est celui lié à l'abri et aux vivres. Si les humanitaires pensaient aussi aux déplacés de Shabindu, ça pourrait aussi soulager les victimes de cette guerre. Déjà, hier, nous avons enregistré un décès, une personne étant venue malade est décédée et directement enterrée."
Les équipes médicales de Médecins sans frontières sont déployées sur le terrain pour répondre aux besoins médicaux pressants. Cependant, elles se trouvent seules face à l'ampleur de la crise. MSF lance donc un appel, exhortant à une action rapide pour fournir une assistance médicale d'urgence et d'autres formes d'aide humanitaire nécessaires pour alléger les souffrances des déplacés de Shabindu-Kashaka.
Les humanitaires réclament plus de moyens
"Sur le plan sanitaire, pour les nouvelles arrivées, il n'y a pas de toilettes en nombre suffisant", dit Jacob Granger, coordinateur des urgences chez MSF, au micro de la DW. "MSF a commencé des travaux pour apporter des réponses, mais malheureusement, en dépit de ces réponses, nous ne sommes pas en mesure de couvrir tous les endroits. MSF alerte sur une situation qui est compliquée depuis des mois et qui risque de s'empirer avec les nouveaux mouvements des populations. Donc, ce que MSF veut et demande à la coordination humanitaire et aux autorités en partenariat, c'est de répondre aux besoins de santé en terme de nutrition, en terme d'abri et d'eau pour les personnes déplacées."
Face à la prolongation du conflit entre le M23 et l'armée congolaise, les inquiétudes grandissent quant à une situation humanitaire déjà alarmante, mettant en lumière l'épuisement des ressources communautaires et l'insuffisance des réponses humanitaires. Enfin, parmi les déplacés se trouve une forte proportion de femmes et d'enfants.