Goma se remplit de déplacés au fil de l'avancée du M23
13 février 2023En plein milieu de la journée, Daniel Bahuma père de famille se tient devant la porte de sa maison avec son poste de radio à la main. La musique résonne, mais ses pensées sont ailleurs. Avec les violences qui font rage dans la région , Daniel accueille des familles de déplacés chez lui, et autant de bouches à nourrir.
"J'ai accueilli beaucoup de visiteurs venus de différents milieux. Je compte deux familles, l'une est venue de Mushaki et l'autre de Sake", raconte ce père de famille.
Les provisions s'épuisent
Deux nouvelles familles composées de sept membres se sont ajoutées à six autres personnes qui vivaient dans cette maison qui n'a que trois chambres à coucher. Pour Daniel, trouver de quoi manger reste le plus grand défi : "Nous sommes très serrés dans la maison, la nourriture que nous trouvons est insuffisante, nous risquons de tomber malade à n'importe quel moment... La situation est très compliquée. J'essaie de faire de mon mieux, malheureusement je n'arrive pas à assumer toutes mes responsabilités parce que je suis dépassé", témoigne-t-il.
A la cuisine,Clarisse Zihindula, son épouse, prépare à manger tout en faisant la vaisselle. Elle s'inquiète du sort qui pourra être le leur, lorsqu'ils leur petit dépôt de nourriture sera à sec.
"Ces derniers temps, nous vivons de la petite provision qui était encore dans la maison. Ce que nous gaspillons aujourd'hui est trois fois plus grand qu'avant, et quand ça va se terminer, nous ne savons pas ce que nous allons devenir parce que mon mari ne travaille plus", s'inquiète-t-elle
Jeanine Bazungu, l'une des déplacées accueillies dans cette maison, dit que "la vie est vraiment difficile car même trouver à manger paraît compliqué".
"Sous la pression, nous avons fui sans rien emporter", poursuit cette mère de famille
Pourtant, elle garde espoir, car elle estime que seul le fait de rétablir la paix dans son village de Mushaki, lui ramènera son sourire.
"Nous demandons à notre gouvernement de trouver des moyens de mettre fin à cette agression afin que nous puissions rentrer chez nous pour travailler et ramener nos enfants à l'école parce qu'ils n'étudient plus", demande Jeanine Bazungu
En attendant, ce soir encore, comme dans la maison de Daniel, de nombreux déplacés à Goma iront se coucher le ventre vide.