RDC : des victimes des violences dans l'est témoignent
2 février 2023Le souverain pontife a célébré une messe devant un million de personnes à Kinshasa. Messe au cours de laquelle, il a prôné le pardon et lancé un "vibrant appel" devant les "cruelles atrocités" perpétrées dans l'est de la République démocratique du Congo.
Le pape François s’est dit "indigné" devant "l'exploitation, sanglante et illégale, de la richesse" de ce pays, où les violences de groupes armés ont fait des centaines de milliers de victimes et des millions de déplacés et de réfugiés.
Une rencontre émouvante
Il a reçu mercredi (1er février) dans l'après-midi à Kinshasa, des représentants des victimes des violences en cours dans l'est du pays. C'est une trentaine de représentants des victimes en provenance de différents territoires en proie aux violences dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri que le pape François a reçues. Selon Monseigneur Henri Ciza, vicaire général du diocèse de Goma et chef de la délégation, "il y a ceux-là qui ont été amputés des mains, ils étaient là. D'autres qui ont connu à travers ces situations de violence, des grossesses non désirées, elles étaient là avec les enfants. Des enfants qui ont travaillé dans les mines et qui donc n'ont pas eu à connaître le cursus normal de l'évolution de l'enfant, des femmes violées".
La visite du pape, initialement prévue en juillet 2022 prévoit une étape à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Mais elle a été reportée avant d'être finalement annulée en raison de l'insécurité dans cette région frontalière du Rwanda et surtout à cause de son état de santé chancelant. Le Rwanda est accusé par son voisin congolais de soutenir le M23, un des nombreux groupes rebelles qui déstabilisent cette partie de la RDC.
Calvaire
Certaines des victimes ont raconté au pape François, le calvaire qu'ils ont subi.
"J'avais alors seize ans. J'ai été retenue comme esclave sexuelle et j'ai subi des maltraitances pendant trois mois. Chaque jour, c'est cinq à dix hommes qui abusaient de chacun de nous. Ils nous faisaient manger la pâte de maïs et la viande de chair des hommes tués", témoigne Emelda M'Karungu. Ces témoignages ont ému le pape François.
Le Souverain pontife a alors lancé un appel à la fin des hostilités dans l'est de la RDC. "J'adresse un vibrant appel à toutes les entités internes et externes qui tirent les ficelles de la guerre en République démocratique du Congo en la flagellant et en la déstabilisant. Vous vous enrichissez par l'exploitation illégale des biens de ce pays, le sacrifice cruel des victimes innocentes. Entendez les cris de leur sang. Faites taire les armes. Mettez fin à la guerre. Cela suffit à s'enrichir sur le dos des plus faibles", a déclaré le chef de l'Eglise catholique.
Le pape François poursuit aujourd'hui sa visite en terre congolaise. Ce jeudi, il va rencontrer les jeunes et les catéchistes au stade des Martyrs de la Pentecôte à Kinshasa. L’après-midi, il participera dans la cathédrale Notre-Dame du Congo à une rencontre de prière avec les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les séminaristes, avant de s’entretenir en privé avec les jésuites du Congo.
Avant de quitter la RDC vendredi pour Djouba au Soudan du Sud,le pape François va s’entretenir avec les évêques congolais au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).