Retour sur la coopération militaire entre Bamako et Moscou
14 septembre 2021Si les révélations de l'agence Reuters sur la supposée arrivée des soldats russes dans les semaines à venir sont pour l'instant démenties par les autorités de Bamako, les différentes sources militaires haut placées contactées par la DW se disent quant à elle surprises par cette nouvelle. Toutefois, le Mali et la Russie ont déjà coopéré dans le passé.
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C'est en 1961, après l'évacuation des bases militaires françaises du territoire malien, que le père de l'indépendance, Modibo Keita, s'est tourné vers les pays socialistes pour former et équiper l'armée du Mali. Daouda Tekété, journaliste-écrivain rappelle que "de 1960 à 1968, la coopération entre le Mali et l'Union des républiques socialistes et soviétiques (URSS) s'est développée sur la base de plusieurs accords sectoriels dans le domaine militaire. En 1966, l'armée fut réorganisée en regroupement de bataillons. L'URSS livre alors des équipements lourds : blindés, véhicules, avions de chasse (Mig 21 et Mig 15) à la jeune armée malienne. Durant la même période, une cinquantaine de militaires soviétiques assurent l'instruction et l'entretien sur les nouveaux matériels livrés. Ceux-ci étaient secondés par 25 techniciens militaires."
En plus de la Russie, la Tchécoslovaquie, l'actuelle République Tchèque, entretenait également d'excellents rapports sur le plan militaire avec le Mali au lendemain de son accession à l'indépendance, le 22 septembre 1960.
"Mais les militaires des pays socialistes n'avaient alors pas vocation à combattre aux côtés du Mali", souligne le journaliste-écrivait Daouda Teketé.
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Des espoirs et une mise en garde
Après le renversement du régime de Modibo Keita en 1968, son successeur Moussa Traoré a perpétué voire renforcé jusqu'au début des années 90 la coopération militaire avec la Russie, en dotant l'armée malienne d'équipements militaires de pointe.
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Selon l'universitaire Mahamadou Konaté, les soldats russes pourraient renforcer le niveau de combattivité des soldats maliens. Mais il met tout de même en garde :
"Ils ne vont pas venir les mains vides. Ils vont venir avec des technologies de pointe en matière de renseignements, je suppose. Ceci pourrait être un plus pour l'armée malienne. Mais il faudrait aussi anticiper les éventuels impacts négatifs. Il faudrait se garder de déployer ces mercenaires sur le terrain au risque de les voir commettre des violations massives des droits humains."
Ayant suivi pour la plupart des formations en Russie, les militaires au pouvoir au Mali sont réputés proches du Kremlin. Le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, était justement à Moscou début septembre pour, dit-on, s'entretenir avec ses homologues russes.