Le Mali suspend les rotations des contingents de la Minusma
14 juillet 2022La décision a été annoncée par un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Elle s'applique jusqu'à "l'organisation d'une réunion" par la partie malienne avec la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), qui compte près de 15.000 soldats et policiers d’une cinquantaine de pays contributeurs.
La date d’une rencontre n'a pas été communiquée.
Bamako assure qu’il s’agit de "dégager un plan optimal" pour l'organisation des rotations des soldats et policiers de la Minusma à l'avenir.
Libre-circulation des Casques bleus
Selon le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado, sur son compte Twitter "la Mission prend note de cette communication, et est prête à engager sans délai les discussions prévues".
Le mandat de la Minusma avait été renouvelé pour un an le 29 juin.
Ce renouvellement s'est accompagné d'une "opposition ferme" du Mali à la liberté de mouvement des Casques bleus sans autorisation préalable pour des investigations liées aux droits de l'homme.
"Cette situation est très confuse"
Aboubacar Sidick Fomba du Conseil national de transition (CNT) et du COREMA (Collectif pour la refondation du Mali) joint par la DW, estime que, "cette situation est très confuse. D'abord à commencer par la déclaration du porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado et aussi le démenti de l'Onu et l'implication de la Côte d'Ivoire et des confusions autour du remplacement des suppléants. Donc, c'est du droit du gouvernement du Mali de suspendre d'abord tout cela pour mieux comprendre et d'ailleurs cela s'inscrit dans la logique du communiqué que le COREMA avait déjà fait. Il faut non seulement suspendre mais il faut aussi faire un contrôle physique et même faire l'audit de l'effectif de la Minusma."
La nouvelle annonce intervient cinq jours après l'interpellation de 49 militaires ivoiriens, des "mercenaires" selon Bamako, qui les accuse d'avoir eu comme "dessein funeste" de "briser la dynamique de refondation" de l'Etat malien. Selon Abidjan, ces militaires étaient déployés au Mali pour épauler la Minusma.
Appels à l’apaisement avec Abidjan
Dans les rues de Bamako, les habitants maliens et ivoiriens interrogés sur cet incident entre les deux pays appellent à l’apaisement.
"Je ne cherche pas à comprendre qui a raison. Nous devons juste trouver une solution", estime cet habitant. Un autre Bamakois "demande aux deux gouvernements de chercher un terrain d’entente avant que cela nous amène à une autre situation".
Selon une autre habitante de la capitale malienne, "nous sommes des Africains et nous devons nous comprendre mutuellement. Nous sommes tous dans des situations difficiles en ce moment, que ce soit le Mali, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso ou le Niger."
Enfin, "vu les relations qui existent entre les deux pays, nous devons d’abord mettre l’accent sur la diplomatie", conclut un passant.