Militaires ivoiriens, des tensions entre Bamako et Abidjan
13 juillet 2022"Comment un contingent de 49 soldats en provenance de la Côte d'Ivoire a pu débarquer au Mali sans ordre de mission ?", s’interroge Sylvain N'Guessan, docteur en théories politiques et analyste de la vie politique ivoirienne qui dirige à Abidjan l’Institut de Stratégies.
L’analyste indique qu’"il était intéressant de laisser la justice qualifier l'acte, parce que dans le contexte actuel, s'il s'avérait que la justice trouve que les éléments ne sont pas suffisants pour qualifier ce délit de la sorte sur la même ligne que l'homme politique, que ferait la justice? J'ose espérer que le pouvoir en place à Bamako ne verse pas dans le populisme de sorte à renforcer sa collaboration avec la population."
Ce lundi 11 juillet, Olivier Salgado, l'un des porte-parole de la Mission de l’Onu au Mali avait affirmé sur son compte Twitter que les autorités maliennes avaient été informées de l'arrivée des 49 soldats ivoiriens. Ces soldats devaient prendre la relève d’un régiment des éléments nationaux de soutien, une unité qui appuie les Casques Bleus de la Minusma.
Bamako doute
Cependant, les autorités maliennes considèrent les soldats ivoiriens comme des mercenaires. Le vice-président de la commission Défense et Sécurité du Conseil national de transition, réfute le contenu du tweet de la Minusma.
"Je pense que s'il le dit, il aurait dû produire un document qui le prouve. Le problème est qu'il n'y en a pas, parce que ceux qui viennent de la Minusmasont des accords qui se passent entre l'Onu et le Mali. Ils ne peuvent pas tomber du jour au lendemain. Et quand la partie malienne est d'accord, c'est à ce moment-là que ces éléments arrivent", soutient Fousseynou Ouattara.
Brouille diplomatique ?
La Côte d'Ivoire a demandé le mardi 12 juillet au Mali la libération "sans délai" de ses 49 militaires arrêtés "injustement" dimanche à l'aéroport de Bamako et accusés d'être des "mercenaires", niant toute intention de déstabiliser son voisin.
"Aucun militaire ivoirien de ce contingent n'était en possession d'armes et de munitions de guerre", indique un communiqué de la présidence ivoirienne publié à l'issue d'un Conseil national de sécurité (CNS) extraordinaire.
Sidylamine Bagayoko, professeur d'anthropologie à l'Université de Bamako, craint que l'évolution des événements ne provoque une brouille diplomatique entre Bamako et Abidjan.
Le chercheur affirme que les frictions sont malheureusement déjà palpables. Selon Sidylamine Bagayoko, le président ivoirien a néanmoins toujours demandé aux Maliens de mettre un peu d'eau dans leur jus de gingembre et diplomatiquement, la Côte d'Ivoire ne semble pas vouloir aller à l'affrontement avec le Mali.