Mali : les enseignants du public entament une grève
18 août 2020Les enseignants ont entamé lundi (17.08.20) une cessation de travail. Ils exigent de l’Etat l’application intégrale de l’article 39 qui prévoit une amélioration significative de leurs conditions de travail et de vie. Un arrêt de travail qui fait suite notamment au non-respect du délai convenu avec le gouvernement pour appliquer l’augmentation des salaires dès ce mois d’août.
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La Covid-19 et la grève
Dans la famille Ba à l’hippodrome (quartier de Bamako), la nouvelle cessation de travail des enseignants du public domine les débats autour du thé. Mamadou, le seul garçon de la famille, doit passer le bac cette année :
"Lorsque je me réveille le matin, je ne sais pas où aller, parce que tantôt ce sont les maîtres qui sont en grève, tantôt c’est le gouvernement… Du coup, cela me gêne car je veux aller à l’école. Je souhaite vraiment que ces grèves-là cessent."
Mamadou a passé plusieurs mois à la maison en raison de la grève des enseignants et de l’apparition du nouveau coronavirus. Une situation plus que préoccupante pour sa tante Awa Kamissoko, revendeuse de condiments. Elle redoute une année blanche pour les élèves de l’enseignement public:
"Si les autorités devaient décréter l’année blanche, les enfants des pauvres prendront de l’âge sans avoir suivi un parcours scolaire normal. Ce sera du gâchis ! Je demande au président IBK de s’asseoir autour de la même table avec les enseignants afin de trouver une solution durable à cette crise scolaire qui n’a que trop duré."
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Crise de confiance
A la maison de l’enseignant de Bamako, l’atmosphère est plutôt à la détente. Le mot d’ordre de cessation de travail est suivi partout dans le pays, selon Ousmane Almoudou, secrétaire général du SYNEFCT (syndicat national des enseignants et fonctionnaires des collectivités) et membre de la synergie des syndicats signataires du 15 octobre 2016.
"Au regard de l’évolution de la situation actuelle, on a compris que si on ne se lève pas, ce sera difficile que l’on puisse avoir l’augmentation promise sur nos salaires du mois de septembre. Le délai convenu risquera de ne pas être respecté.", explique le syndicaliste.
Une crise de confiance accentuée au-delà du non-respect du délai convenu avec la partie gouvernementale par l’élaboration d’un projet de loi modifiant les dispositions de l’article 39. Kinane Ag Gadida, secrétaire général du ministère de l’éducation nationale, estime, pourtant qu'il n'y a plus de problèmes:
"Ils ont raison qu’il y a eu des éléments introduits dans le projet de loi qui n’étaient pas prévus dans le procès-verbal que nous avons signé avec les enseignants. C’est une situation qui est réelle. Mais je dis bien que nous l’avons corrigé parce que cela a échappé à notre vigilance. Et lorsque nous nous sommes rappelés de cela, nous avons rappelé les textes que nous avons corrigés et maintenant tout est rentré dans l’ordre."
Des propos qui ne rassurent guère les membres de la synergie des syndicats signataires du 15 octobre 2016 qui ont ordonné lundi, en plus de l’arrêt des cours, l’arrêt des activités pédagogiques et la fermeture de toutes les structures de l’éducation nationale.