Libye : Berlin confirme la tenue de la présidentielle
23 juin 2021"L'accord de cessez-le-feu du 23 octobre doit être pleinement mis en œuvre, y compris par le retrait de toutes les forces étrangères de Libye", a déclaré Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, à Berlin.
Il a également indiqué que les Etats-Unis partagent avec l’Allemagne "l'objectif d'une Libye souveraine, stable, unifiée et sûre, libre de toute ingérence étrangère".
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Un optimisme que partage aussi Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe. Car, estime-t-il, il y a eu beaucoup de progrès depuis la conférence de l’année dernière qui s’est également tenue à Berlin.
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"C'est qu'entre le 19 janvier 2020 et cette conférence aujourd'hui, il y a eu un changement politique majeur. Il y a eu un vote à Genève en février dernier qui a donné naissance à un gouvernement d'union nationale validé par les deux chambres : le Haut Conseil d'Etat à Tripoli et le Parlement dit de Tobrouk, du côté de la Cyrénaïque, donc à l'est du pays, avec la mise en place d'un gouvernement intérimaire, dont Mohammed Younes el-Menfi et le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah sont présents à Berlin."
Tenue de la présidentielle
La conférence a également confirmé la tenue de l’élection présidentielle le 24 décembre prochain. Une échéance qui peut être tenue, selon Roumiana Ougartchinska, journaliste et auteur du livre "Pour la peau de Kadhafi" paru aux éditions Fayard.
Elle estime que "c'est une question de volonté politique internationale que ces élections aient lieu. Elles ont eu lieu au tout début, à la suite de la chute du régime Kadhafi dans des conditions extrêmement difficiles. C'est bien la preuve que quand on veut, on peut. Et à l'époque, il y avait eu un engouement extrêmement important. Les Libyens aspirent à vouloir s'exprimer et à choisir leurs dirigeants. Ce dont ils sont privés maintenant depuis de nombreuses années."
Cependant, des observateurs doutent de la réelle volonté du pouvoir en place de voir se dérouler ce scrutin. Notons enfin qu’un des principaux protagonistes de la crise libyenne, le Maréchal Khalifa Haftar, n’a pas été invité à la rencontre de Berlin.
Retrait des mercenaires
Les "mercenaires" étrangers présents en Libye pourraient quitter prochainement le pays après des "progrès" dans les pourparlers de paix, a déclaré Najla al-Mangoush, la ministre libyenne des Affaires étrangères, lors de la conférence de Berlin.
"Nous avons fait des progrès en ce qui concerne les mercenaires et nous espérons que dans les jours à venir, les mercenaires se seront retirés des deux côtés et je pense que cela sera encourageant et renforcera la confiance des deux côtés", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse dans la capitale fédérale de l’Allemagne.
"Toutes les forces étrangères et les mercenaires doivent être retirés de la Libye sans délai, et le secteur de la sécurité doit être réformé et placé clairement sous une autorité et un contrôle civils unifiés", stipule de son côté le texte de conclusions de la réunion internationale sur la Libye, sous l'égide de l'ONU, diffusé à la presse. Ce document précise toutefois que la Turquie, un des pays présents militairement sur le théâtre libyen, a introduit à ce sujet "une réserve", a ajouté Najla al-Mangoush.
Selon l'ONU, au moins 20.000 mercenaires et combattants étrangers sont en Libye. Il s’agit des Russes du groupe privé Wagner, des Tchadiens, des Soudanais ou encore des Syriens. Par ailleurs, plusieurs centaines de militaires turcs sont eux aussi présents en vertu d'un accord bilatéral conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli.