La Libye au centre d'une nouvelle conférence à Berlin
23 juin 2021
Cette nouvelle conférence est organisée par l'Allemagne et les Nations unies.
Les participants sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu ainsi que l'Italie, la Turquie, les Emirats arabes unis, l'Union européenne et les Nations unies, déjà présents lors de la première conférence organisée toujours à Berlin, en janvier 2020.
Cette fois-ci, ils seront rejoints par des membres du gouvernement libyen d’union nationale (GNA) récemment formé.
Il s'agira de faire le point sur les progrès politiques enregistrés ces derniers mois dans le pays et sur les préparatifs des élections prévues en décembre prochain, ainsi que la présence des troupes étrangères et des mercenaires.
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De réelles avancées
Pour le professeur Andreas Dittmann, expert sur le développement et la sécurité en Libye, la situation évolue bien sur le terrain depuis la première conférence de Berlin.
"D'une part, il a été possible de mettre en place un gouvernement intérimaire qui est accepté par les deux parties, c'est-à-dire par l'est et l'ouest de la Libye. Le second point est bien sûr que, de facto, depuis le 12 juillet de l'année dernière, il n'y a plus de combats entre l'est et l'ouest de la Libye et que tout a été consolidé à partir d'octobre par un cessez-le-feu qui a vraiment tenu depuis lors. Ce sont donc déjà des développements préliminaires positifs", explique le professeur.
Depuis octobre 2020, un cessez-le-feu est observé entre le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) basé à Tripoli, reconnu par l’Onu, et l’Armée nationale libyenne basée à Benghazi et dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Un gouvernement intérimaire a été constitué dans la foulée.
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Position de la France
Autre point positif selon Andreas Dittmann : la position de la France qui s’est alignée sur l’Union européenne.
"Les résultats possibles, les résultats souhaités sont en tout cas que l'UE parle désormais au moins d'une seule voix et agit ensemble dans les affaires libyennes. Le gros problème était que la France se battait avec des milices et des mercenaires du côté de la Libye orientale et que le reste de l'UE se battait de l'autre côté " , estime Andreas Dittmann.
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Les Libyens ne décident de rien
Quant à l’analyste Sami Hamdi, rédacteur en chef de l'International Interest, il regrette pour sa part, que le règlement de la crise libyenne repose en grande partie entre les mains de puissances extérieures.
"Le gouvernement intérimaire libyen, je ne pense pas qu'il ait vraiment son mot à dire parce que chaque puissance internationale qui est impliquée en Libye comprend que son pouvoir est ancré dans le soutien international et non dans le soutien populaire libyen. Elles sont conscientes que le dialogue politique libyen a eu lieu grâce aux efforts internationaux et non grâce aux efforts libyens. Et les puissances internationales sont également conscientes que ce gouvernement a été formé par un accord international et non par un accord libyen", dit Sami Hamdi.
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Autre question qui devrait être débattue à Berlin : le retrait du pays des mercenaires et militaires étrangers. ls seraient plus de 20.000 mercenaires et militaires étrangers en Libye, selon l’Onu. Parmi eux, des combattants originaires de Turquie, de Russie, du Soudan et du Tchad. Leur retrait pourrait favoriser la tenue des élections présidentielle et législatives prévues le 24 décembre prochain.
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